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TTNOUGAT
592 abonnés
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5,0
Publiée le 21 novembre 2011
Les mots manquent pour décrire un tel film. Quand le cinéma atteint ce degré de perfection aucun art, pour moi, ne peut lui être comparé. C'est absolument sublime de bout en bout et le sujet porte sur la plus belle chose que la nature nous ait donné l'Amour. Bien sur, je ne peux m'éviter de pleurer du début à la fin, mais plus encore devant la beauté des images que devant le coté mélodramatique qui passe au second plan grâce à la maîtrise du metteur en scène. Il est difficile de ne pas être fasciné par le jeu des deux acteurs qui se fondent parfaitement dans les intérieurs veloutés de différents gris. Le sommet de cette symbiose étant atteint lors de la scène finale au pied d'un hôtel d'où resplendit l'ange de la rue. Janet Gaynor (22 ans) qui a inspiré Blanche Neige n'est que vibrations et Charles Farrell (27 ans) apporte sa grande beauté . Sa mièvrerie n'ayant aucune incidence sur le déroulement du mélodrame, nous savons tous pertinemment que la fin sera heureuse et le bonheur futur d'autant plus solide, une fois que Gino et Angela auront tiré de cette douloureuse période l'expérience nécessaire, pour traverser toute la vie. Un DVD bluray est venu rendre hommage à ce chef d'oeuvre, il est évident que c'est un cadeau sans prix.
Borzage filme plus que la Bohème en Italie, il filme le destin tragique d'un amour et la perte des illusions. Mais on peut voir la peinture comme une transfére ca de l'esprit et c'est cela qui va sauver le couple. Finement l'homme verra l'âme de sa compagne: pure et toute entière vers lui.
L'amour contre l'adversité, cette simple formule résume en grande partie le cinéma de Borzage et, notamment, son oeuvre muette. Sans atteindre les hauteurs de L'heure suprême, L'ange de la rue, romance napolitaine, est une illustration parfaite du style du maître du mélodrame. Influencée par l'expressionnisme allemand, en particulier Murnau, la mise en scène de Borzage décrit avec maestria les bas fonds de Naples, peuplés d'ombres maléfiques qui s'opposent à la pureté d'un couple qui devra surmonter la pauvreté et les souillures de son environnement pour atteindre la félicité. On peut en rire, 80 ans plus tard, mais c'est superbe.
Le film vaut pour ses décors et son image qui sont sublimes. Certaines scènes sont vraiment poignantes et sont la définition même du mélodrame. Après il est vrai que quelques passages sont quelque peu lourdingues. Dommage aussi que la partie sur le cirque soit si courte.
Frank Borzage est encore tout auréolé de l’immense succès de « L’heure suprême » quand la Fox lui donne carte blanche pour renouveler l’exploit. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, il fait appel aux mêmes techniciens mais surtout reforme le couple Gaynor/Farrell qui a tant ému les spectateurs dans « L’heure suprême ». Si cette fois, le scénario est inspiré d’une pièce irlandaise, la structure en cinq actes ne varie guère afin d’amener le spectateur au même état émotionnel qui a fait le succès du couple vedette. Tout d'abord un prologue montrant le destin miséreux des deux tourtereaux ava nt leur rencontre. Celui de la jeune femme surtout, plongée dans un environnement glauque lui obscurcissant l'avenir. La rencontre et la naissance de l’amour ensuite où la très gracile Janet Gaynor doit user de tout son charme nimbé de candeur pour faire tomber les réticences d’un Charles Farrell célibataire, frustre et endurci peu enclin aux joies de la vie matrimoniale. La phase d’épanouissement qui permet au couple d’affronter la misère environnante grâce à l’univers qu’il se fabrique à partir du lien puissant qui l'unit est souvent de courte durée, brisé par le destin qui frappe à nouveau. La Grande Guerre dans « L’heure suprême » et « Lucky Star » et le passé funeste qui ressurgit dans « L’ange de la rue ». Les retrouvailles enfin qui figent les amants dans la pose extatique du plan final, signe de la bienveillance du Seigneur envers ceux qui s’aiment. On a rarement autant magnifié l’amour que dans le cinéma de Borzage et surtout avec tant de grâce. Un amour certes porté aux nues de manière un peu trop candide mais qui fait fi des conventions sociales et religieuses. Peu importe en effet à Frank Borzage que les amants consomment charnellement leur union , l’amour conservant ou régénérant la pureté des êtres. Ainsi Angela pourra être vue comme l’incarnation de la Sainte Vierge malgré sa tentative dans le prologue de s'improviser « ange de la rue » (métaphore désignant la prostitution) pour acheter des médicaments à sa mère mourante. C’est la générosité de leur âme qui donne aux films de Borzage cette universalité leur permettant de traverser sans encombre les ans. On compare souvent Borzage à Murnau, sans doute à cause de la proximité temporelle et thématique de « l’Aurore » et de « City Girl » avec sa trilogie amoureuse, mais c’est sans doute avec le Chaplin du « Kid » et des « Lumières de la ville » que Borzage a le plus d’affinités sensorielles. C’est plutôt dans l’approche esthétique qu’il s’est inspiré du maître allemand alors en contrat à Hollywood et qu’il pouvait visiter sur les plateaux voisins de la Fox. Quoiqu’il en soit l’œuvre de Borzage trop longtemps oubliée car trop à l’abri derrière l’ombre tutélaire des Griffith, Chaplin ou Murnau peut être désormais revisitée grâce à des éditions DVD de toute beauté concoctées avec le plus grand soin par la précieuse société d’éditions Carlotta. A montrer aux jeunes gens gavés d’effets spéciaux pour leur permettre de s’émouvoir devant la grâce des sentiments humains portés par une Janet Gaynor qui n’aura jamais eu besoin de s’ébattre devant un écran vert pour délivrer son art.
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4,0
Publiée le 31 juillet 2011
Partout dans chaque ville, dans chaque rue, nous croisons sans savoir de belles âmes grandies par l'amour et l'adversitè! Telles sont les conclusions que l'on peut tirer de cet admirable mèlodrame de Frank Borzage qui confronte l'obscuritè de la misère sociale à la puretè des âmes saines et sages! D'un romantisme frèmissant, "Street Angel" est une oeuvre importante du cinèma muet et c'est aussi le second volet de la vie du couple romantique Janet Gaynor-Charles Farrell! L'amour et la souffrance vont de pair dans ce conte sentimental typique de Borzage et le film regorge de regards saisissants! Difficile en effet de ne pas craquer pour Janet Gaynor, complètement magique, dont la mise en scène magnifie son visage, ses douleurs, ses larmes! Dans une lumineuse utilisation du noir et blanc avec des jeux d'ombres en tout point remarquable, Borzage signe au final un drame particulièrement romantique que ses deux interprètes rendent vraiment poignant...
Un sommet de la sublime naïveté, une abondance de bons sentiments, des pleurs qui coulent en torrents. Puisqu'on pourrait dire la même chose de L'Aurore, pourquoi ce dernier est-il supérieur à L'Ange de la rue ? Tout d'abord les décors. Il ne s'agit pas de faire l'éloge du film de Murnau, mais de commenter celui de Borzage. Donc, concernant L'Ange de la rue, les décors ne sont pas toujours convaincants. Certes, c'est loin d'être le seul film tourné en studios, mais il faut un minimum d'artifices pour ne pas agacer le spectateur qui, tout comme au théâtre, demande à être projeté dans un univers. La force du Cinéma par rapport au Théâtre repose entre autres sur des décors plus recherchés, et lorsque l'on voit l'ombre d'une corde à linge sur ce qui est censé être le ciel, on lève les yeux vers le vrai. Quoi qu'il soit, il serait de mauvaise foi de descendre un film dont la valeur artistique est d'une telle rareté qu'il mérite sa place dans le panthéon du Septième art. Borzage abuse du pathétique, mais la pureté de ses personnages et la candeur de leurs sentiments réchaufferaient une statue de marbre. Ses acteurs, Jayne Gaynor et Charles Farrell, endossent avec leurs rôles toute la misère du monde, mais sans débordements agaçants de larmes. Celui qui pleure le plus doit être le spectateur. Même dans la fameuse scène du sursis accordé par le gendarme - une heure seulement, l'héroïne affecte une bonne humeur que sa raison veut refouler. Pour cette séquence de tendresse inoubliable, le film de Borzage tient du chef-d’œuvre.
Nouvelle réunion Frank Borzage-Janet Gaynor-Charles Farrell après "L'Heure suprême", "L'Ange de la rue" a lui aussi son lot de superbes scènes. On est particulièrement bien servi dans le premier tiers où il est à mentionner absolument la scène où la jeune fille est poursuivie par deux carabiniers et dont le jeu d'ombres s'inspire très fortement de l'Expressionnisme. Elle est remarquable par le pouvoir émotionnel qu'elle procure. De plus, Janet Gaynor se montre très volontiers sensuelle et moins sage qu'à son habitude. Le milieu du film est sans conteste la partie la plus faible se perdant dans des scènes sentimentales trop longues, en particulier celle des adieux qui paraît interminable, et puis le personnage de Charles Farrell peut très fortement agacer par son caractère très neuneu. Heureusement, on revient en force avec un dernier tiers où l'aspect sombre de la première partie réapparaît avec des fameux jeux d'ombres. Bizarrement, le meilleur de ce mélodrame ne se retrouve pas dans les scènes les plus romantiques mais dans les plus sombres. Résultat des courses : un beau mélodrame sombre.
C'est au début du XXème siècle à Naples qu'Angela, une pauvre jeune fille, cherche une solution pour soigner sa mère mourante. C'est lorsqu'elle cherchera le remède qu'elle sera arrêtée par la garde...
Frank Borzage, qui retrouve à nouveau Janet Gaynor et Charles Farrell, nous envoi d'abord dans les rues pauvres et sombres de Naples pour suivre cette jeune fille qui va vite se faire arrêter alors qu'elle ne cherchait qu'à soigner sa mère. Puis après quelques péripéties viendra sa rencontre avec un peintre ambulant et là Borzage retrouvera son thème de l'amour fou qui est capable de casser toutes les barrières pour pouvoir être vécu pleinement.
À nouveau il montre une réelle maîtrise derrière la caméra et là où beaucoup de réalisateurs seraient tombé dans la niaiserie lourde, lui donne une vraie force à cet amour, une puissance dramatique et lyrique à son oeuvre, que ce soit à travers sa mise en scène ou sa direction des comédiens. Braquant sa caméra sur Janet Gaynor, elle voit tous les malheurs qui s'abattent sur elle jusqu'à ce qu'elle rencontre cet amour qui la fera espérer se sortir de cette vie sordide, et c'est l'émotion et la poésie qui l'emportent, balayant d'un coup toute la niaiserie et les symbolismes forts. Il alterne entre différents tons, sachant apporter une touche de légèreté et de charme, à l'image des séquences se déroulant au cirque.
Il créé une vraie atmosphère, souvent belle mais surtout mystique et dresse un tableau fascinant d'Angela où il nous fait sentir proche d'elle et l'impression de traverser, avec elle, toutes ses épreuves. La caméra de Borzage est virtuose, sachant capter avec émotion les sentiments des protagonistes, certaines scènes sont d'ailleurs mémorables à l'image de la première course-poursuite entre les gardes et Angela. L'émotion passe aussi par les simples moments de vies qu'il met en scène, des séquences courtes montrant le bonheur ou le malheur des protagonistes. Il nous immerge dans un Naples sombre et brumeux, exploitant à merveille les décors qu'il a à sa disposition. À nouveau, c'est à travers ses acteurs qu'il fait passer une grande partie des émotions et surtout Janet Gaylor qui, d'un simple regard, en dit bien plus que n'importe quel mot et nous fait passer par les mêmes émotions que son personnage. Le couple qu'elle forme avec Charles Farrell est en osmose totale.
C'est dans un Naples malfamé que Frank Borzage va sublimer son couple Janet Gaylor/Charles Farrell et avec brio et puissance qu'il donnera du charme, de la poésie et de l'émotion à son film.
Un mélo flamboyant, magnifiquement mis en scène par Frank Borzage, sous forte influence expressionniste. Comme toujours chez le cinéaste, on est frappé par la justesse psychologique et la troublante intimité qu’il réussit à installer avec ses personnages, idéalement servis par Charles Farrell et Janet Gaynor, qui reprennent et poursuivent l’exploration du couple comme élévation spirituelle amorcée avec « l’heure suprême ».
Borzage filme une histoire-prétexte, plus intéressé par ses défis techniques et la maîtrise de sa caméra. Un ange entre deux chefs d’œuvre. Après "l'isolé" et "l'heure suprême", on devient exigent... La qualité du DVD a peut-être desservi cet "ange de la rue" mais même si le couple Gaynor/Farrell reste très charismatique, ils semblent moins convaincus par leur personnage, comme leur spectateur ?