Comme annoncé je poursuis ma rétrospective Michel Lang, avec Le Cadeau. Après deux films sympas mais mineurs dans la filmographie du réalisateur, je me suis lancé dans Le Cadeau, et j’ai découvert une comédie très plaisante, où j’ai retrouvé à la fois le côté populaire du réalisateur, mais aussi sa finesse de ton, notamment pour saisir les rapports amoureux et composer des personnages truculents.
Comme presque toujours chez Lang le casting est prestigieux, avec ici en tête d’affiche Pierre Mondy et Claudia Cardinale, lesquels forment un couple assez étonnant. Mondy est très à l’aise, faisant preuve d’une belle sobriété et campant un personnage plaisant et attachant. Il forme un duo brillant avec Clio Goldsmith, laquelle compose un personnage de femme plein de subtilité, et, à l’instar de Mondy, elle sait rendre son rôle attachant, lui apportant son style particulier de femme fatale mais joint à une vraie douceur. On est dans un Lang, donc il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’à un film assez sucré quand même. Autour de ces acteurs principaux on a des seconds rôles fréquents du cinéma de Lang comme Henri Guybet, et surtout, face au couple Mondy-Goldsmith il y a celui de Magnet-François qui amène pas mal d’humour, et compose l’essentiel de la partie vaudeville du film.
Le scénario est structuré, et c’est bien car c’est souvent ce qui fait défaut au cinéma de Lang. Il y a une vraie histoire, celle-ci est bien conduite malgré une dernière partie un peu plus faible en termes de rythme et d’humour. On retrouve le style caractéristique de Lang : de l’amour, des quiproquos, des non-dits, qui servent une intrigue vaudevillesque à souhait, un petit soupçon d’érotisme, et de la gentillesse, beaucoup de gentillesse. Presque de la naïveté parfois, mais Lang maitrise terriblement bien ce style, et c’est toujours très frais. On est un peu moins en revanche sur une comédie d’époque, le réalisateur délocalisant d’ailleurs son métrage à Venise.
Visuellement le film ne profite en fait pas énormément des décors vénitiens. On est dans un film de Lang, ce qui implique encore une fois un certain nombre de caractéristiques récurrentes : une mise en scène plutôt théâtrale, des lieux restreints et souvent des intérieurs, une ambiance années 80, ici un peu moins présente, étant plus teintée d’exotisme. Le tout servi par une photographie sobre, qui laisse quand même transparaitre un charme coloré. En clair c’est soft sur la forme, mais c’est suffisamment pertinent pour ne jamais être considéré comme un défaut. A noter aussi que la bande son est moins percutante que de coutume chez Lang, même si elle reste honorable, avec notamment un étonnant morceau musical au milieu du film.
Finalement Le Cadeau s’éloigne un peu de ce que j’ai pu voir jusqu’à aujourd’hui de Lang, même si on retrouve de vrais éléments de continuité. C’est un film léger, frais, agréable, qui laisse voir les beaux moments de la vie. On s’approche du conte contemporain, et si cela paraitra un peu sucré à certain, je trouve que Lang évite ce souci, notamment en évitant comme toujours une pruderie excessive et en évitant l’habituel mélo. 4.