Un des grands complexes américains, avec le massacre des Indiens, c’est celui de la destruction de l’environnement, de certaines espèces animales. Le cas le plus souvent abordé à l’écran est celui des bisons, exterminés justement pour affamer les tribus amérindiennes. Ici ,il est question des marais de Floride et des oiseaux qu’ils abritent, tués en masse pour le motif futile de la mode féminine des chapeaux à plumes. C’est l’occasion de voir cet environnement magnifiquement filmé, et aussi de voir une sorte de western très singulier, reprenant en fait une bonne partie de la thématique du genre. L’ambiguïté des personnages de braconniers est une bonne illustration de la complexité des rapports des américains avec la nature. Ils en sont les destructeurs par cupidité pur et simple, en en faisant en même temps un refuge pour leur rupture de ban avec la civilisation, et un modèle de vie dans la « loi de la jungle », manger ou être mangé, qui pourrait être le fin d’un libéralisme de darwinisme social, un paradis perdu ambivalent… Comme dans les westerns critiques pro-indiens, un personnage d’indien séminole est en fait un modèle d’humain en osmose avec la nature, gardien d’une harmonie cassée par l’homme blanc. Comme souvent dans les films de Nicholas Ray on est dans une forme de mélodrame flamboyant, avec des personnages quasiment marginaux, allant jusqu’au bout de leur passion, sans que ça ne tombe dans le pathos, le stéréotype facile, le ridicule.