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    A.K. Akira Kurosawa
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    jroux86
    jroux86

    7 abonnés 46 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 mai 2023
    Magnifique exemple de la malice de Chris Marker, de son art de faire jouer entre eux son et images : lorsque Kurosawa explique que les plus beaux plans sont finalement ceux que l’on n’a pas l’occasion de filmer.
    Et ce dernier d’évoquer les matins de tournage (il est alors en train de tourner Ran), les préparatifs dans la lumière diffuse de l’aube, lorsque figurants guerriers et chevaux s’affairent tandis que les braseros, installés ici ou là sur les versants du Mont Fuji, apportent un peu de leur chaleur. A la voix off évocatrice du maître, que tout le monde appelle « sensei » sur le plateau, se superposent les images de la discrète caméra de Marker. En effet, celui-ci est parvenu à capturer (ce que son dispositif à lui permet) cette réalité matinale qu’aurait tant aimé filmer le japonais. Non pour se substituer à lui (la démarche de Marker est bien trop déférente et humble pour l’accuser de cela) mais pour donner à voir, en plus du cinéaste au cœur de son travail de démiurge, ses visions, ce qui alimente sa pulsion créatrice - comment ne pas penser aux somptueux plans enfumés qui font son cinéma à l’évocation de ces images matinales.
    C’est une chance, pour nous spectateurs, d’être témoin ces deux regards qui s’entrecroisent, qui sont ceux de deux grands cinéastes mais aussi de deux arts de l’image qui se rencontrent, documentaire et fiction (fresque dans le cas présent), le premier au service du second. Et inversement.
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    236 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 novembre 2008
    Le régime de cinéma dans lequel s’exercent Chris Marker et Akira Kurosawa est bien différent. Le premier opère dans un cinéma d’ontologie, qui manipule l’essence de l’image, sa fonction et sa pratique tandis que le second applique son œuvre à partir des bases narratives éditées par Griffith ou Eisenstein, devenues communes au cinéma de fiction. Cette distinction n’empêche pas Marker d’admirer Kurosawa, ainsi qu’en témoigne «A.K.» (France, 1985), film-hommage qui s’apparente au making of de «Ran». Le film s’ouvre sur une télévision, dans laquelle passent des images des films de Kurosawa. Le fond de l’air y est rouge, comme le communisme, comme le chaos révolutionnaire par lequel ce communisme doit naître. Cinéaste engagée dans l’émancipation du spectateur, Marker s’attarde, avec un film de Kurosawa qui porte le nom de «chaos», sur l’harmonie qui naît des homogénéités en présence sur un plateau de cinéma. Il ne s’agît pas d’assimiler Marker à un chantre de l’anarchisme, «A.K.» serait bien en mal d’émettre une telle idée. Il s’agit davantage de dessiner les contours d’un Kurosawa maitre de son film, démiurge dans son art. En articulant «A.K.» selon plusieurs chapitres, définis par certaines des plus grandes thématiques de Kurosawa, Marker honore le cinéaste, sans omettre d’en saisir la parfaite mécanique. Le «Sensei», comme on appelle dorénavant Kurosawa, est un maître, le directeur du plateau. Il n’en est pourtant pas le patron tout-puissant, Marker fait bien attention de ne pas lui donner cette image en consacrant de nombreux instants aux seuls figurants. Ainsi le prouve cet effet caustique où un figurant se voit attitré «L’inconnu du Mont Fuji», héros hitchcockien l’espace d’un plan. Certaines séquences sont accordées au preneur de son ou à la scipt. En mêlant au paysage multiforme d’un tournage, les images d’anciens films de Kurosawa, Marker met en connivence l’instant prégnant où le film se capte (les prises de vue) et les traces qu’il en reste (le film final).
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 055 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 22 octobre 2018
    A.K. est l'un des quelques films qui me manquait pour compléter la filmographie de Marker qui est l'un de mes réalisateurs préférés. A.K. est, comme quasiment tous les films de Marker, un documentaire, mais un documentaire assez spécial dans sa filmographie. En effet, ses films sont d'habitude plus des essais et ceci même lorsqu'il parle de cinéma comme dans le tombeau d'Alexandre ou bien dans Une journée d'Andrei Arsenevitch. Là, à ma connaissance, pour la première et la seule fois, il rend compte de faits.

    Son film se rapproche plus d'un « making off » du film Ran de Kurosawa que de ce qu'il peut faire d'habitude. Ce qui se traduit par un film beaucoup moins bavard que d'habitude et où Marker va filmer à hauteur d'homme le tournage du film. Certes on a encore quelques commentaires ici et là, mais ce qui frappe c'est avant tout le fait que Marker décide de laisser, sans doublage ni sous-titre, les membres de l'équipe du film Ran parler, donner des ordres, répéter. Il filme leurs gestes, leurs regards, leurs actions et on n'a pas besoin de plus, on n'a pas besoin de savoir ce qu'ils se disent... on le comprend.

    Et c'est ça la force du film de Marker, il arrive à placer la caméra là où il faut, quand il faut, pour que l'action parle d'elle-même, pour qu'on comprenne ce qui se passe, ce qui se dit, même si on ne parle pas japonais et surtout ça permet de ressentir ce qu'a pu ressentir Marker, pris dans un pays étranger dans ce tournage titanesque.

    D'ailleurs le parti pris de filmer à hauteur d'homme est juste excellent car il permet de renforcer la démesure du film de Kurosawa. En effet, lorsque je l'avais vu il y a des années maintenant, je n'avais pas remarqué que c'était si fou, je n'avais pas imaginé le labeur que cela devait être que de préparer un tel film... et là, grâce à Marker, je vois les figurants se déguiser, se mettre en rang, porter des drapeaux qui font deux fois leur taille... C'est juste gigantesque.

    Je dirais que Marker, avec le talent qu'on lui connaît a réussi à capter l'essence de ce tournage et à montrer que finalement le film est un sujet au moins aussi intéressant et au moins aussi impressionnant que son contenu.

    Bref, A.K. est grisant, il me donnerait presque envie de revoir Ran et sans doute de plus l'apprécier.

    En tous cas je ne peux qu'être admiratif du travail de Marker pour réussir à filmer ainsi des gens au travail et à les magnifier de la sorte.
    Benjamin A
    Benjamin A

    707 abonnés 1 922 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 mai 2017
    Alors qu'il réalise le remarquable Ran en 1985, une épopée flamboyante au cœur du Japon médiéval, Akira Kurosawa se fait suivre par Chris Marker sur les pentes du Mont Fuji, ce dernier observant et filmant au quotidien la façon de travailler du maître japonais .

    Il en sortira le documentaire A.K. où Chris Marker évoque le cinéaste japonais à travers ses méthodes de travail, son exigence ou encore sa patience. On découvre un Kurosawa prenant toujours bien soin de capter ce qu'il faut au bon moment, quitte à longtemps attendre pour mieux apprivoiser la nature, cette beauté qui n'était pas la sienne. Il en ressort notamment une véritable fascination pour le metteur en scène de Rashomon, ses paroles sont souvent d'or tout comme l'homme qu'il est et ce qu'il véhicule.

    Le documentaire est passionnant dans tout ce qu'il aborde, notamment le travail esthétique du cinéaste, ainsi que sa technique, et Chris Marker capte tout cela avec très grand brio. C'est aussi dans l'homogénéité entre toutes les composantes du cinéma, ainsi qu'entre le réalisateur, les acteurs et l'ensemble de l'équipe du film que A.K. est vraiment intéressant, tandis que le montage est efficace et permet de vraiment bien cerner le cinéaste japonais.

    Un documentaire tout simplement passionnant où l'on découvre Akira Kurosawa durant le tournage de Ran à travers son cinéma et ses méthodes, Chris Marker captant avec immense brio le cinéaste et l'homme qui se cache derrière.
    Abarai
    Abarai

    132 abonnés 1 507 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 25 juillet 2010
    Avec AK, Chris Marker nous dévoile un portrait d'Akira Kurosawa au travail, sur un lieu de tournage. Séparé en plusieurs chapitres, représentant chacun une thématique (le brouillard, la pluie...), Marker saisit le caractère du senseï, sans nous donner d'informations superflues sur le passé du cinéaste. Le documentaire qui en découle se révèle plaisant et intéressant.
    stans007
    stans007

    23 abonnés 1 311 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 novembre 2021
    Un documentaire sur le tournage de « Ran », film à grand spectacle et à financement français, considéré comme l’un des meilleurs du grand maître japonais Akira Kurosawa et l’occasion de dresser un portrait de celui-ci et de son extrême minutie. Tourné au Mont Fuji, on découvre un œuvre collective avec un extrême souci du détail (lune sur champs dorés à la main), caprices du temps (froid et brouillard qui bloque le tournage mais qu’il faudra par la suite créer artificiellement), direction des figurants, en fait un travail de grande envergure, une expédition de porte-avions avec à la barre le flegmatique grand maître. Le commentaire est sentencieux, style nouvelle vague, et la photo bien travaillée. Passionnant.
    DaftCold
    DaftCold

    19 abonnés 213 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 3 novembre 2018
    Ce making of est très intéressant et se laisse assez facilement regarder. Pourtant je ne pense pas qu'il mérite la prétention d'etre un film plutôt qu'un simple making of qui irait en bonus sur un DVD. Le "film," manque également d'un fil rouge et d'une conclusion. Le long-métrage semble etre une synthèse aléatoire de séquences prises sur le tournage. Heureusement, le tout n'est pas extrêmement long
    Stephanbuchet
    Stephanbuchet

    25 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 février 2022
    Ce sont des moments très rares que ceux filmés par Chris Marker sur le tournage de Ran de Kurosawa. La recherche de ce qui fait la production créative, comme dans un temps suspendu, qui nous laisse transposer nos émotions, ce que l'on sait déjà ou non du processus cinématographique du réalisateur.
    La voix off parcimonieuse laisse de longues séquences se dérouler sans intervenir et prolonge toujours plus l'immersion et les temps suspendus nécessaires à la compréhension d'un tournage aussi important pour son créateur.
    Une curiosité pour cinéphile et amoureux-ses de l’œuvre de Kurosawa
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