Delta Force est un des Chuck Norris les plus connus. Même s’il est plutôt dans le haut de sa filmographie, il ne faut tout de même pas s’enthousiasmer outre mesure.
Premier point, l’interprétation. Le casting est assez amusant. Éclectique, il présente un peu tout et n’importe quoi, avec donc en tête, Chuck Norris. Monolithique, totalement à coté même lorsqu’il s’agit de jouer le patriotisme exacerbé, il est surtout mis à contribution pour les scènes d’action et heureusement. Le seul passage « émotion », à la fin est un ratage affreux. Franchement Norris est clairement pire que ses concurrents Seagal, Lundgren et compagnie en matière de jeu d’acteur. A ses cotés Lee Marvin lui vole la vedette. Il apparait pourtant vieux et fatigué, mais il joue mieux en dépit d’une conviction discutable, et impose son charisme face à Norris. Pour le reste Robert Forster est honorable dans le rôle du méchant, George Kennedy est utilisé à bon escient. Hanna Schygulla est probablement celle qui a le rôle le plus complexe, ayant pour le coup à bosser coté émotions. Ce n’est pas parfait mais on sent un gouffre entre elle et le reste des acteurs, ayant en plus un charisme et une présence marquante. Quelques autres noms connus du coté de Shelley Winters ou de Robert Vaughn, mais il n’y a rien à retenir de particulier.
Le scénario tient à peu de choses. La première partie est conventionnelle, traitant d’une prise d’otages dans un avion. C’est assez banal, et même si globalement cette partie est assez bien faite, il faut reconnaitre qu’elle tire parfois en longueur. La deuxième partie consiste en la libération, au sol, des otages par la Delta Force. Là ca vire au n’importe quoi. Il y avait déjà de belles incohérences dans la première partie, mais la seconde est ahurissante. Elle perd en réalisme, l’action bas de gamme prend le dessus, et, sachant que l’on en prend pour au moins une heure de plus, elle devient vite indigeste. Par ailleurs il n’y a aucune surprise, tout ce à quoi vous pouvez vous attendre surviendra, ne vous en faites pas.
Sur la forme Delta Force n’est guère plus génial. La mise en scène est honnête mais elle ne transporte pas non plus le film. Elle réserve de bons passages, sauvant les meubles lors des scènes d’action, et s’avérant convenable avec un style sobre et réaliste pour le reste. La photographie en revanche ne vaut pas grand-chose, avec un manque flagrant de personnalité et de recherches esthétiques. C’est du banal, du sans surprise, le film n’essayant pas de se sortir un minimum du tout venant. Les décors sont à peine meilleurs. Même si cela se justifie en partie le problème c’est qu’ils ne sont jamais exploités avec suffisamment d’intelligence pour paraitre autre chose que ce qu’ils sont : des immeubles désaffectés. Les scènes d’action ne sont par ailleurs pas démentielles du tout. Même le combat final est loin de convaincre pleinement. Là-dessus il ne faut vraiment pas s’attendre à du lourd, n’importe quel épisode de Walker Texas Ranger mettant davantage en valeur Norris. La bande son a l’avantage d’être typée, avec un thème récurent qui identifie le film réellement. Maintenant il faut reconnaitre qu’elle est répétitive, assez simpliste, trop peut-être venant de Silvestri, mais il était aussi avec Delta Force plutôt en début de carrière.
Voilà, donc pour ce film. Assez faiblard il n’offre guère d’intérêt. Parti pour être une série B d’action banale mais plutôt bien conduite, Delta Force s’enfonce ensuite joyeusement dans l’action à deux francs six sous, perdant totalement en cohérence et en intérêt (surtout aujourd’hui où les DTV d’action fleurissent). Mal mené par Norris, visuellement juste passable, je lui donne 2 mais pas davantage.