Bon, je rejoins un peu l’avis général qui veut que ce Faust soit l’un si ce n’est le moins bon film de Brian Yuzna. Pas aussi décevant que certains le dise, mais quand même…
Pas aussi décevant car soyons franc, le film joue la carte de la générosité et de la méchanceté brute jusqu’à la caricature ! Effets sanglants à gogo, sexe qui assume clairement sa dimension racoleuse, ce Faust est doté d’un rythme effréné et n’est pas du tout politiquement correct ! Ça c’est l’aspect le plus sympa du métrage, bien loin de la consensualité, j’ai même envie de dire que Deadpool c’est gentil à côté ! John Jaspers il met tout en morceau tout comme Andrew Divoff d’ailleurs ! A noter quelques références bien sympathiques à l’horreur yuznesque, avec une scène totalement gratuite et délirante à hurler de rire et très inspirée de Society ! Cela étant, cette générosité peine souvent à cacher un scénario bien faiblard et des dialogues ineptes pour certains qui nanardisent le tout plus qu’il ne le sert.
Autre vrai souci du film, son interprétation. Jeffrey Combs, loin de ses rôles de scientifiques fous est moyen, et il n’a pas été vraiment judicieusement choisi pour ce rôle de flic qu’il campe avec un peu trop de mollesse. Reste qu’il sauve l’honneur, alors que Mark Frost, qui campe le héros, est en total roue libre ! Une catastrophe, heureusement cachée parfois sous un masque, car il joue très mal, et c’est en plus lui qui hérite des dialogues les plus catastrophiques ! A noter que Isabel Brook est un peu meilleur, tandis que pour trouver du très bon il faut se rabattre sur Andrew Divoff, valeur sûre du méchant dans le cinéma d’horreur ! S’amusant comme un petit fou, il est le seul vrai atout du casting, car je préfère ne pas m’étendre sur la faiblesse des seconds rôles.
Formellement on a un Yuzna sous amphétamine ici ! Mise en scène survoltée, pas toujours super lisible, effets horrifiques en surnombre, musique métal à fond les enceintes pas toujours très appropriée d’ailleurs et ici pour rajouter encore à la nervosité du truc, Faust ressemble à une sorte de grand clip déjanté ! L’ambiance a quelque chose, et le film a indéniablement un charme poisseux et glauque renforcé par son jusqu’au-boutisme, après cela m’a souvent donné l’impression que le réalisateur caché sous la surenchère une certaine fainéantise pour orchestrer vraiment un film recherché.
Le film est à mon sens faible, mais ce n’est pas un ratage total. C’est d’une grande bêtise générale, mais c’est du bourrinage qui parfois fonctionne assez bien ! Divoff n’est pas pour rien dans l’intérêt de certaines scènes. Dommage que les dialogues relèvent souvent du n’importe quoi (les répliques badass de Faust !), que l’histoire soit très ténue, et que visuellement Yuzna ait préféré en faire beaucoup plutôt que de s’appliquer à soigner les détails. 2.