"Le dahlia noir"… voilà un titre que j’aime, énigmatique à souhait. Car si la fleur est connue de tous de par son nom, ravissant au passage les amateurs d’horticulture, elle n’existe pas en noir, du moins à ma connaissance. L’affaire du dahlia noir est un fait divers du 15 janvier 1947 et qui ne fut jamais résolue malgré les nombreuses pistes suivies. Après bien des spéculations, ce crime inspira quarante années plus tard le livre écrit par James Ellroy, puis ce film que Brian De Palma nous propose ici. Le scénario, très proche des événements ayant réellement eu lieu (tout du moins en ce qui concerne les faits ayant un lien direct avec l’affaire), est à l’image de cette affaire : alambiquée. Si les scénaristes ont voulu nous montrer à quel point les policiers en charge de l’enquête étaient perdus, alors ils ont réussi leur coup. Car oui c’est très compliqué, si compliqué que nous nous sentons un peu perdus et qu’on perd par la même occasion une bonne dose d’intérêt. Mais c’est sans compter sur les rebondissements, fort bien amenés, mais que j’aurai aimé peut-être un peu plus rapides afin de faire garder au spectateur toute son attention. Contrairement à certains internautes cinéphiles, j’ai trouvé le casting très bon. Certes on peut reprocher un évident manque de charisme de Josh Hartnett, car on aurait été en droit de s’attendre à plus de prestance de sa part dans la peau d’un flic digne d’un polar noir. Moi je dis pourquoi pas après tout ? N’oublions pas que dans ce film son personnage Bucky Bleichert vient d’être promu à la criminelle. Il est donc sensé manquer d’expérience. Quant à Aaron Eckhart, il crève littéralement l’écran. D’autres internautes se questionnent sur l’utilité de la présence de Kay Lake. Non seulement elle apporte son lot d’éclaircissements quant aux agissements de Lee Blanchard (Aaron Eckhart), mais en plus Scarlett Johansson apporte une sacrée dose de glamour à la hauteur des divas des années cinquante. Parlons un peu du rendu maintenant. Tous les codes du polar noir sont présents, avec cette ambiance sombre et inquiétante, et des héros en proie à des secrets bien gardés. L’esthétique visuelle est peu commune, puisqu’une couleur tendant vers le ton sépia a été choisie, avec un éclairage assez intimiste, apportant du pastel, concordant parfaitement à l’ambiance mise en place, et permettant d’offrir une meilleure immersion dans l’époque. J’ai aimé la narration qui a été faite en voix off, ce qui permet au spectateur de bien entrer dans l’intrigue, ainsi que de partager les différentes réflexions de Bucky. J’ai aimé aussi la scène où tous les éléments se recoupent pour aboutir à l’épilogue. En outre, j’aurai préféré que le film n’offre pas de résolution d’enquête, puisque, comme je l’ai dit plus haut, cette affaire demeure encore aujourd’hui non résolue. Vous l’aurez compris, j’ai bien aimé ce film, mais je reconnais que Brian De Palma nous a habitués à mieux. Après mûre réflexion, je pense que pour regarder "Le dahlia noir", il faut le regarder d’un seul et unique trait, sans être dérangé par quoi que ce soit. Le téléphone et la pause pipi sont donc à proscrire. Je pense également qu’il est éventuellement nécessaire de regarder le film une seconde fois, du fait de son scénario tarabiscoté, et qu’on peut avoir loupé des informations qui ont leur importance. Je le ferai, auquel cas je complèterai éventuellement ma critique.