Quand Brian DePalma décide d'adapter un roman de James Ellroy sur grand écran, on ne peut avoir que l'eau à la bouche, surtout quand on sait que le réalisateur américain s'est illustré de fort belle manière dans le thriller et le film de gangsters ("Scarface", "Les Incorruptibles"). Ellroy, auteur de romans noir à succès comme "Lune Sanglante" ou la trilogie "Underworld USA" n'en est pas d'ailleurs à la première incursion de son univers dans le milieu du septième art. "LA Confidential", réalisé avec brio par Curtis Hanson et "Cop" de James B. Harris en sont des adaptations, excellente pour le premier, moyenne pour le second. C'est surtout en ayant le souvenir de la réussite de "LA Confidential" que l'on démarre ce "Dahlia Noir", histoire inspirée du véritable meurtre d'une starlette d'Hollywood, Elizabeth Short. Brian DePalma oblige, la mise en scène est extrêmement minutieuse et soignée. Dommage que le montage ne soit pas au niveau, notamment par le biais de ces transitions agaçantes. Mais le point noir du film se retrouve dans le travail de Josh Friedman, le scénariste, qui a pondu un script excellent pour la première heure, mais foutraque dans la seconde. La première heure prend bien le soin d'introduire les personnages principaux, leurs buts, leur quotidien tandis que l'enquête démarre en "douceur" afin que le spectateur assimile bien les évènements. La dernière heure réduit en miette la subtilité de la première, ainsi que du roman d'Ellroy. En voulant condenser les points méticuleux du livre, liés à l'enquête, Friedman se plante en beauté. Tout n'a plus aucun sens. Le personnage principal découvre des indices sans qu'il y ait une quelconque logique. En deux trois transitions, il se retrouve dans des lieux comme par magie, lieux qui conduisent rapidement à la fin de l'enquête sans que nous ayons eu le temps d'assimiler le pourquoi du comment. Les liens qui permettent de conclure l'enquête sont présentés devant nos yeux sans avoir le temps d'expliquer les choses et le film se conclut dans un joyeux bordel. On est perdu, on a l'impression d'avoir manqué quelque chose et ça nuit terriblement au film. L'aspect enquête du film est bâclé. L'enquête avance plus en s'attardant sur les liens qu'entretiennent les principaux protagonistes entre eux qu'autre chose. La distribution quant à elle est de bonne facture, entre un Aaron Eckhart torturé par sa volonté de "bien faire les choses" et une Scarlett Johansson et Hilary Swank parfaites en femmes fatales, chers à l'univers d'Ellroy. Même Josh Hartnett surprend, lui qui d'habitude présentait un jeu d'acteur mou et plat.
"La Dahlia Noir" est un DePalma mineur qui aurait pu faire l'office d'un nouveau grand film de la part du bonhomme. Hélas, il s'agit d'un divertissement convenable quoi que assez méli-mélo, loin du chef d'oeuvre de littérature que représente le livre. On en attendait mieux de la part du réalisateur de "Scarface".