Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi mal à l'aise en regardant un film. Je n'ai pas vu la première version de Kubrick, je n'ai pas lu le livre. En me lançant dans la lecture de ce film, je ne savais pas vraiment ce qui m'y attendais.
Lorsque l'histoire commence, il y a tant de vie dans le quartier où vivent les Haze qu'il en devient vivant, réel. J'ai toujours aimé ces petits détails que l'on retrouve aussi bien dans la littérature qu'au cinéma et qui, bien que sans grande importance, donnent vie à l'histoire (comme ce chien qui saute sur les voitures et les gens qui passent, ou la vieille dame qui passe son temps assise sur son perron à faire signe à ses voisins). Humbert rencontre Charlotte Haze après nous avoir confié le souvenir tragique de la mort de son premier amour. Il est presque évident à ce moment qu'elle tombe sous son charme même si ce n'est pas le cas pour lui. Décidé à partir, il finit par rencontrer la fille de Charlotte : Dolorès, appelée aussi Dolly, Lo ou Lolita. Elle est mineure, tout juste sortie de l'enfance et pourtant encore si gamine : capricieuse, désobéissante, etc. C'est difficile de comprendre comment un homme peut tomber amoureux d'une si petite créature avec le caractère d'une toute petite fille.
Au début, l'aspect romantique de la passion d'Humbert pour Lolita ne m'a pas vraiment dérangé sans doute à cause de celle-ci qui semble aimer le tourmenter en essayant de le séduire. Peut-être que j'ai pensé que ce n'était pas vraiment sa faute … mais l'histoire devient de plus en plus malsaine quand, après avoir échangé un bref baiser avec la jeune fille, Humbert épouse Charlotte afin de rester près de son enfant. Puis lorsque Charlotte meurt, il va récupérer Lolita dans le camp de vacances où elle se trouve. Il prétend à qui veut l'entendre qu'elle est sa fille, en retour celle-ci l'appelle « papa ». Il est évidemment sous-entendu qu'il couche avec elle, mais rien n'est montré jusqu'à une certaine scène qui m'a mise encore plus mal à l'aise que je ne l'étais déjà avec cette situation : Humbert raconte que Lolita ne veut plus de lui, qu'il est obligé d'acheter ses charmes et on les voit, lui et Lolita, nus sur un lit, en train de se battre pour l'argent. Je ne dirais pas que cette scène m'a traumatisée, mais on y voit déjà que Lolita est devenue l'obsession de son beau-père contre sa volonté. Elle n'est plus la coupable mais la victime.
Au fil de l'histoire, elle le quitte et le retrouve, elle se joue de lui, s'amuse à le rendre jaloux. On en arrive presque à la blâmer pour ce qu'elle lui fait subir sans réellement voir que la personne qui a un problème, ce n'est pas Lolita mais Humbert.
L'histoire devient de plus en plus étrange : de la réalité du petit quartier jusqu'à la scène abracadabrantesque du meurtre du principal rival d'Humbert, celui qui lui a « volé » sa Lolita, on comprend que le personnage devient fou, complètement fou.
Lolita, c'est donc le récit d'une folie plus que d'une passion. J'ai été incapable d'éprouver de la sympathie aussi bien pour Humbert que pour Dolorès ni pour aucun des personnages de l'histoire, je n'avais qu'une seule envie : que l'histoire prenne fin tant elle me semblait malsaine et dérangeante. Je me sentais tellement mal. Maintenant que je l'ai vu, j'en suis encore retournée et force m'est de constater qu'il était fantastique. J'ai vraiment hésité à lui mettre cette note car même s'il s'agit d'un vrai chef d’œuvre, j'en garde un très mauvais sentiment.