Avec le numéro avant le nom de la célèbre rue, rien à voir avec l’autre Quai des Orfèvres qui a marqué l’histoire du cinéma français. Résolument thrillermorphe, celui de Marchal avait intérêt à ne pas être à côté de la plaque, puisque c’est celle de la rue qui est dérobée pour constituer un cadeau d’adieu – il aurait été monumentalement classe s’il avait été adressé par des criminels à un criminel & non par la police à un policier. Bizarrement, dans ce sens, c’est juste très glauque.
Ainsi tournée vers la conflation du crime avec son supposé ennemi la force de l’ordre, raffolant pour cet usage de policiers véreux, d’indicateurs opportunistes & des meurtres faciles, l’œuvre n’a rien d’un remake même si elle m’a rappelé un sketch des Inconnus, Allons au cinéma, non seulement par la place caricaturale de l’argot mais aussi pour les clichés des réflexes policiers dont le cinéaste fait usage.
Un cinéaste à qui l’on serait tenté de faire confiance, puisqu’il a été policier, sauf qu’il n’y a rien d’équilibré ni de plaisant dans sa représentation d’une police coupée de tout lien avec le citoyen qu’elle est censée défendre & qui serait unilatéralement morbide si Valeria Golino n’assurait pas génialement le seul rôle à peu près humain.
Comprendre que le film part d’une histoire vraie ne suffit pas à accepter une lutte des forces de l’ordre qui prend des airs de guérilla, de chamailleries entre grands gamins irresponsables à de graves échelles. C’est le propos du film, certes, mais être policier chez Marchal se résume à se servir de son arme, dans laquelle il voit tout le potentiel des scènes d’action sans jamais justifier son usage, sauf quand le piochage dans la littérature policière est suffisamment dense pour prendre le pas à quelques occasions.
Le film n’est pas tenu d’être vrai ou exact, mais il sait très bien pourquoi il prend le journal comme point de chute à de nombreuses scènes. Effectivement, rien à dire là-dessus : le lien est rigoureux entre ce qu’on voit à l’écran & les gros titres. C’est l’effet déformant & logique d’un scénario qui agit comme une loupe sur des faits divers auquel le montage est soumis comme l’outil grossier permettant de les coller ensemble, abusant du prestige de ses Depardieu, Auteuil & Dussolier afin de créer une oligarchie forcée qui dissimule leur manque de contexte & d’affect.
Un certain microcosme se met en place sur le tard, une cohésion propre aux personnages qui témoigne d’une écriture pas entièrement dirigée sur le thriller. Le mal est fait toutefois : le spectacle vendu au 36 n’est pas un travail d’orfèvre, plutôt un assemblage insensible de ce que le Quai peut faire de pire, & ce dans un mépris total des circonstances & des conséquences juridiques, humaines, affectives & narratives.
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