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Flavien Poncet
236 abonnés
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4,0
Publiée le 5 mars 2009
Réalisé exclusivement par une équipe de blacklistés ou d’indésirables auprès du système hollywoodien, «Salt of the Earth» (USA, 1954) d’Herbert J. Biberman, par cette condition de production, mais aussi par les roueries dont l'équipe du film a du faire montre pour déjouer les surveillances de l’Etat américain au Mexique, se révèle une oeuvre d'importante valeur. Grandement nourrie par l’esthétique soviétique, notamment celle d’Eisenstein, la réalisation de Biberman, communiste américain et défenseur des droits sociaux, organise le monde comme une icône à travers laquelle circulent les méfaits des injustices. La dénonciation que revendique le film ne se construit pas sur la seule rhétorique de la révolution. Biberman et ses collaborateurs ne dirigent pas «Salt of the Earth» vers la propagande de son message. Pour parer à cela, les scénaristes M. Biberman et M. Wilson décident, en milieu de film, de faire basculer la lutte des classes en lutte des sexes. La corrélation qu’entretiennent ces deux combats évoque les œuvres d’autres cinéastes révoltés, Bunuel ou Eisenstein pour citer les meilleurs. Cette ambivalence de la lutte, qui se joue sur deux terrains, sociaux et génériques, exhume un sentiment de révolte et exalte une propension à la contestation. La composition des plans puis le montage du film lui permet d’acquérir une dynamique bien calée. Film etats-uniens porté sur une minorité américaine, il applique la pensée marxiste au niveau de sa production et à l'échelle de ce qu'elle donne à voir et à penser. Son statut inouïe, constitué par des contraintes drastiques qui ont dépassé le cadre de l'industrie hollywoodienne pour atteindre le cas d'affaire du F.B.I., permet à la réalisation de Biberman de défendre poing levé image dressée un regard singulier, en son lieu et en son époque, de l'Amérique. Les faux raccords, alimentant l'esthétique rossellinienne et préfigurant les accidents formels de Godard, participent à l'anticonformisme de la réalisation.
Alors que le film disposait sans aucun doute à l'époque d'un beau message social, l'ensemble semble aujourd'hui particulièrement démodé, mis en scène plutot platement. Seules quelques scènes réussissent à être un peu émouvantes, et il faut tout de même reconnaitre que l'ensemble, même si parfois est un peu ennuyeux, n'est pas non plus insoutenable. Et puis, ce genre de film social et définitivement humain était tellement rare à l'époque qu'il mérite rien que pour ca le respect. On peut par ailleurs s'en passer, du moins d'un point de vue cinématographique.
Seul film américain de l'Histoire a avoir été tourné par des communistes, et en l’occurrence par des pestiférés du milieu hollywoodien grâce à ce cher cinglé de Joseph McCarthy, "Le Sel de la terre" s'est souvent vu taxé d'être furieusement propagandiste. Si ce reproche n'est pas entièrement injustifié, on y voit surtout des hommes et des femmes se battre pour travailler et vivre dans des conditions plus décentes, obtenir l'égalité raciale et même l'égalité homme-femme, cette dernière même contre les mineurs grévistes eux-mêmes qui sont volontiers foncièrement machos. Donc même si c'est un film communiste, j'ai surtout retenu le message contre la ségrégation raciale et celui féministe. Autrement l'histoire pêche un peu par naïveté, la réalisation est soignée mais manque un peu de personnalité, le jeu d'acteurs, dû certainement au non-professionnalisme de certains, est parfois approximatif, mais la force et la conviction inébranlables qui se dégagent du film achèvent d'emporter malgré tout l'adhésion.
« Film commandité par le Kremlin », comme il était jugé par les critiques à savoir, Le Sel de la Terre est un film révolutionnaire à voir absolument (je le rangerai même au niveau du Cuirassé Potemkine, tant son propos est juste et virulent). Alors évidemment, en pleine ère du maccarthysme, ce film était outrageusement socialiste et a été blacklisté et jeté aux oubliettes alors qu'il est particulièrement mémorable. Le film raconte la révolte aux États-Unis de mineurs mexicains (pieds et mains liés à leur société de métallurgie qui possède jusqu'à leur maison et la police locale) puis des épouses de ceux-ci qui se joignent au combat afin que l'ensemble de la communauté s'inscrive dans un processus révolutionnaire. Le film était incroyablement progressiste et féministe pour son époque et cela s'inscrit parfaitement dans l'histoire où les femmes se révèlent être encore plus efficaces que leurs époux pour mener la luttespoiler: : le paroxysme étant atteint lorsque les maris se retrouvent à la maison et développent les mêmes revendications qu'avaient leurs femmes et qu'ils jugeaient secondaires (comme l'installation d'eau chaude) . Le film arrive à rajouter une pointe d'humour à travers l'évolution des personnages masculins, Ramon en tête (du mâle alpha à l'époux compréhensif et confiant) et des personnages féminins, Esperanza en tête (de la jeune femme timide et fragile à la combattante sûre d'elle et déterminée). Les acteurs professionnels comme non-professionnels sont très convaincants. Je recommande très fortement, un must-see oublié.
"Vous êtes le sel de la Terre" (Mt 5, 13) Cette phrase du Christ a été reprise pour désigner ceux qui améliorent la vie de leurs semblables. Le Sel de la Terre est un film réalisé par des communistes placés sur liste noire pour subversion, uniquement pour justifier cette condamnation. Il développe, dans un scénario sans surprise, aux allures de Germinal américain du XXème siècle, deux idées de changements : celle de l'égalité au travail entre blancs et non-blancs, et celle des hommes et des femmes. Biberman met en scène à la fois des acteurs professionnels et non-professionnels dans cette fable humaniste et pleine d'espoir, naïve et touchante, mais aussi quelque peu simpliste et datée. Dans une société traditionnellement patriarcale, les femmes finissent par prendre le pouvoir, et la situation s'inverse à cause des mouvements sociaux de grèves et protestations : les femmes remplacent les hommes dans leur action contre la compagnie, et les hommes remplacent les femmes à la maison. Le style de Biberman n'a rien d'un Orson Welles, et il se cantonne à faire un film militant, mais il est intéressant en tant que l'un des plus importants films néoréalistes américains.
Une grève dans une mine d’un petit village perdu du Nouveau Mexique. Les hommes se révoltent contre les conditions de travail, les femmes contre les conditions d’installation de leur foyer sans eau courante qui les oblige à couper du bois toute la journée pour chauffer l’eau. Quand la police locale interdit aux hommes de faire grève pour entrave à la circulation, les femmes prennent joyeusement le relais. Le jour où le sheriff vient faire saisir les biens du couple qui mène la grève, toute la population afflue pour s’y opposer et faire céder la direction de la mine. Histoire qui mêle lutte sociale, raciale et féministe. Les travailleurs mexicains s’opposent au racisme du pouvoir capitaliste et blanc et leurs femmes se rebellent en parallèle contre le machisme de leur mari. Beau film militant qui peut paraître daté aujourd’hui (réalisation sous influence du néo réalisme italien et du réalisme soviétique, musique envahissante) mais qui dans le fond reste malheureusement d’actualité. Film contemporain des chansons engagées de Pete Seeger hymnes des travailleurs en bande son.
Surprenant pour son époque, Le Sel de la Terre est un film plein de révolution et de féminisme, porté par la voix d'une femme, mené par des femmes et défendant les femmes. Sa réalisation est excellente avec des plans rapides coupés sur le visage des personnages, le scénario est intéressant sans aller très loin dans les personnages et on souhaiterait notamment une fin plus approfondie, qui reste un peu décevante. Pour le reste le film est moderne dans certains moments, intemporel, laissant penser que les femmes n'en ont toujours pas fini de se révolter pour leurs droits, et que les hommes devront aussi changer leurs mentalités (scène extraordinaire des hommes en 1950! qui étendent le linge et s'occupent des enfants pendant que leurs femmes sont en prison pour avoir manifester).