Pour son centième film en 1962, l'éblouissante star Mariko Okada (inoubliable Osei de Nuages Flottant - Naruse, 1955), 29 ans, reçoit un cadeau de son studio de production la Toho: le choix de son film. Elle demande l'adaptation de La source thermale d'Akitsu, un roman qui se déroule entre août 1945 et 1962 et qu'elle a adoré.
L'histoire est tellement simple qu'elle mérite à peine d'être décrite : la veille de la capitulation de 45, atteint d'une pleurésie, l'étudiant Shusaku débarque dans une de ces grandes auberges des station thermales de montagne. Il y rencontre la fille de la propriétaire, Shinko qui prend soin du malade, le fait sortir et promener, luis sauve la vie, et en devient folle amoureuse. Si follement qu'ils tentent le shinju, le suicide des amoureux, tentative qui s'achève en farce. Après l'été, guéri, l'étudiant Shukatsu, sans le sou, est éloigné de la station d'Akitsu par la mère de Shinko. Elle est au désespoir. Plus tard, sa mère disparue elle reprend l'auberge. Shikatsu, marié, revient parfois séjourner (quatre fois). A chaque retour, la passion reprend mais elle ne vainc pas la veulerie et l'aboulie de l'homme, qui à chaque fois part retrouver son épouse. Shinko avait 17 ans quand elle l'a rencontré, quand il revient pur la derrière fois, 17 ans après, elle n'en peut plus.
Dans Nuages Flottants (55), une femme violemment amoureuse se confronte aussi pendant toute sa vie à un homme faible. Dans la fin Nuages dans la Tourmente (Naruse 64) retrace aussi une passion fatale dans une auberge de montagne. Yoshida, le jeune cinéaste qu'a imposé Mariko Okada à la société de production Toho, réalise pour la première fois un mélo mais il reprend la tradition narusienne avec une grande maîtrise et la capacité de travailler et approfondir encore et encore les accumulations de passion confrontée à l'apathie, répétition que souligne jusqu'à la nausée la musique répétitive d'Hayashi Hikaru . En fin de compte, le spectateur réalise les rencontres sont scandées par les saisons et qu'après la beauté des cerisiers revient la chute des fleurs. Comme dans toutes les grands drames, la beauté apparaît au spectateur sans s'affirmer violemment mais en s'insinuant par le rythme de l’œuvre elle même.