Critique de "Nikita"
"Nikita", le film d'espionnage franco-italien de Luc Besson sorti en 1990, marque un tournant dans la carrière du réalisateur, le propulsant dans l'univers des films d'action. À travers cette œuvre, Besson explore les thèmes de la rédemption et de la transformation, tout en nous plongeant dans un monde où la violence et la manipulation sont omniprésentes.
Le film raconte l'histoire de Nikita, une jeune femme rebelle et toxicomane, incarnée avec intensité par Anne Parillaud. Suite à un braquage qui tourne mal, Nikita est condamnée à la prison à perpétuité pour le meurtre d'un policier. Toutefois, sa vie prend un tournant inattendu lorsque les services secrets français lui offrent une seconde chance : devenir un assassin sous leur contrôle. Cette transformation de criminelle désespérée en tueuse à gages sophistiquée constitue le cœur du récit, et Parillaud, récompensée par un César, offre une performance convaincante et émouvante.
Tchéky Karyo, dans le rôle de Bob, le mentor froid mais curieusement attachant de Nikita, et Jeanne Moreau en tant qu'Amande, ajoutent des dimensions supplémentaires aux personnages secondaires. Karyo parvient à incarner une figure paternelle ambiguë, tandis que Moreau, en tant que formatrice en arts de la séduction et des bonnes manières, apporte une touche d'élégance et de mystère au film.
La réalisation de Besson est dynamique, ses choix de cadrage et ses mouvements de caméra apportant une énergie palpable à chaque scène d'action. Les séquences de formation de Nikita, bien que parfois invraisemblables, sont montées avec une précision qui maintient le spectateur en haleine. La scène du restaurant, où Nikita doit exécuter sa première mission réelle, est un moment de tension extrême qui démontre la maîtrise de Besson dans l'art du suspense.
Cependant, malgré ses nombreux atouts, "Nikita" n'est pas sans défauts. Le scénario, bien que solide dans l'ensemble, souffre de quelques incohérences et de moments prévisibles. Les scènes d'action, bien que spectaculaires, peuvent parfois sembler trop stylisées, manquant de réalisme et de profondeur. De plus, certains personnages secondaires, bien que bien interprétés, manquent de développement, ce qui laisse le spectateur avec un sentiment d'inachevé.
La musique d'Éric Serra, une collaboration récurrente avec Besson, apporte une atmosphère électronique qui, bien qu'efficace, peut parfois paraître datée. Les choix musicaux accentuent les moments d'intensité mais peuvent aussi distraire de la narration principale.
En termes de mise en scène, Besson démontre une fois de plus son talent pour créer des mondes visuellement captivants. Les décors, notamment ceux de l'usine désaffectée où Nikita est entraînée, sont utilisés de manière à renforcer l'isolement et la transformation du personnage principal. La direction artistique contribue à ancrer l'histoire dans un univers à la fois réaliste et stylisé, un mélange qui est devenu la marque de fabrique de Besson.
En conclusion, "Nikita" est un film captivant qui combine action, drame et suspense avec un certain panache. Bien qu'il présente des imperfections et ne parvienne pas toujours à équilibrer ses éléments narratifs et stylistiques, il reste une œuvre emblématique qui a marqué le cinéma des années 90. La performance d'Anne Parillaud, soutenue par une réalisation efficace et une bande-son distinctive, fait de "Nikita" une expérience cinématographique mémorable, bien que perfectible. Luc Besson montre ici les prémices de son style, qu'il affinera dans ses œuvres ultérieures.