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Dahrar
26 abonnés
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2,5
Publiée le 14 octobre 2024
Si ce polar démarre sous les meilleures auspices, il s'enlise dans les tourments de ses personnages et tourne en rond. Le dernier tiers est particulièrement laborieux et interminable. Heureusement que Kurosawa a l'air de construire de magnifiques plans qu'on a plaisir à admirer.
Le film est une affaire de vengeance et de corruption. Il se développe comme une longue quête de la vérité. On apprend des secrets et on assiste à quelques moments tendres mais le fond est véritablement noir. Quelque peu long effectivement…
La ressortie en salles de six titres de Akira Kurosawa ( après celles encore récentes de "Dersou Ouzala" et de " les sept samouraïs" ) permet de voir ou de revoir " les salauds dorment en paix " (1960), opus d'une des filmographies les plus relevées du septième art.
Le scénario mêle polar et politique, en dénonçant l'extrême corruption morale des élites économiques, dans un Japon d'après-guerre.
Inspiré ( mais de très loin) de Hamlet de Shakespeare ( on assiste ici à l'exposition du comportement pathologique et criminel d'un PDG lié au pouvoir politique, à l'égard de son entourage familial et professionnel ).
Reprenant un de ses thèmes favoris " la prospérité du vice et les malheurs de la vertu", le titre fait écho à la dernière réplique de " les sept samouraïs".
Au milieu des titres majeurs (" Barberousse " ou "Vivre" de AK, réalisés à la même période, " les salauds..." ne bénéficie pas du même statut critique.
Pourtant, la maîtrise de sa mise en scène, le choix des cadrages, la photo et l'interprétation ( on retrouve T.Mifune dans un rôle clef de l'intrigue), invitent à ne pas négliger cet opus de premier ordre, qui inspirera FF.Coppola pour son " le parrain" ( cf : la longue scène d'introduction d'un mariage ).
L'atmosphère diffusée ici, n' est pas éloignée de celle qui infuse " entre le ciel et l'enfer " réalisé quelques années plus tard par le cinéaste.
On entre pas si facilement que ça et l'on se perd assez régulièrement dans ce film qui relève à la fois du registre du film noir par sa galerie de personnages fortement typés , mais également de la tragédie shakespearienne, puisque clairement inspiré et adapté d'Hamlet. Emaillé de multiples changements de tons et d'échelles de récit, le film nous travaille en profondeur à défaut de séduire véritablement. Mérite un second visionnage pour ce qui me concerne.
Kurosawa brille encore par sa mise en scène et par son aptitude à diriger des acteurs par ailleurs talentueux. De nombreuses scènes sont très justes voire saisissantes. La psychologie des différents personnages rend l'ensemble captivant. Les motivations de chacun et ses relations avec les autres sont en effet bien définies, de sorte que l'on peut suivre aisément les intrigues, par exemple un personnage qui exerce une pression sur un autre afin que ce dernier agisse à son tour sur un troisième. Ce réalisme, pessimiste mais lucide, apporte grandement au récit. Toutefois, j'ai trouvé certaines séquences un peu trop étirées. Shirai par exemple n'en finissait plus de perdre la raison ! Le film aurait pu être plus resserré sans perdre de sa force.
Encore un Kurosawa maîtrisé de toute pièce ! "Les salauds dorment en paix" est un film excellent ! Surtout pour son histoire captivante. Une histoire de vengeance mais pas que ! Et la touche de Kurosawa dans ce type de film, se fait ressentir !
Je suis très surpris par sa construction de ses histoires. On attend comme très souvent la fin afin de libérer toute l attente qu'on avait. La fin de ce film en est le parfait exemple !
Implacable dénonciation de la corruption en col blanc dans le Japon d’après guerre (en plein boom économique) et description sans fard d’une société qui bascule dans le libéralisme le plus sauvage, pervertissant toutes les valeurs, « Les Salauds dorment en paix » est un film noir. Noir par le propos (l’histoire d’une vengeance implacable), par le style (magnifique noir et blanc expressionniste), mais aussi par le ton adopté, résolument pessimiste. Pas de happy end ici : la condamnation est d’autant plus virulente qu’elle est désespérée (le titre l’annonce sans détour). Après une brillante série de films d’action historiques, Kurosawa se montre ici fortement engagé et courageux dans sa démarche (c’est le premier film qu’il produit intégralement). Cette radicalité force le respect, même si le film souffre de longueurs et d’une absence de nuance des personnage, un peu trop réduits à leur fonction. Il n’en demeure que « Les Salauds dorment en paix » bénéficie d’une grande tenue formelle et d’un discours sans appel.
Une œuvre touchante et fondamentale avec une fin incroyable mais prévisible. Le mélange entre le film romantique, espionnage et policier se marie tellement bien dans ce film avec des plans tellement travaillé au millimètre. La romance est touchante. Bref c'est une réussite globale ou on peut s'apercevoir du génie de Kurosawa (malgré un manque de plans à certains moments). Je vous le conseille a fond. Peut être que la durée du film vous fait peur mais dés les 30 premières minutes passé, les 2 heures qui suivront passeront tout seul.
S'inspirant pleinement du néo-réalisme italien qu'il affectionnait, Akira Kurosawa, cette fois-ci, nous montre la corruption s'attaque à la corruption massive au Japon du début des années 60. Le ton est résolument noir. Et si le maître nippon s'est parfois montré optimiste, ça n'est pas le cas ici. D'ailleurs, le ton est donné dès la première scène : celle du mariage. Certains la jugent trop longue alors qu'elle est, à mes yeux, en plus d'un sommet de cynisme et de malaise, le plus grand moment de ce film. Et ça ne tient pas qu'au fait que ce soit elle qui déclenche tout. C'est un ensemble. Une atmosphère, une succession de faits parfois pas immédiatement perceptibles et une réalisation, certes plus avare en mouvements de caméra, mais au plus près des hommes et ne laissant rien passer. Pendant une bonne heure un quart à peu près, le film est carrément génial, certes, il n'y a rien de révolutionnaire, mais l'histoire est maîtrisée. Après, intervient la faiblesse majeure : les longueurs. Si elles ne sont pas nombreuses, elles sont quand même existantes et brisent la dynamique. A ce titre, la dernière demi heure, même si son contenu reste intéressant, patauge beaucoup au niveau du rythme. En ce qui concerne la fin, on pourra remarquer une ressemblance avec un autre film que Kurosawa fera 3 ans plus tard : "Entre le ciel et l'enfer". Une ressemblance ne résidant pas dans le contenu bien entendu, mais dans l'endroit où la solution est trouvée : les bas-fonds. On commence dans le luxe, on finit dans la crasse. Et le titre, bien plus encore que dans la réplique prononcée par Toshiro Mifune ou dans le sort réservé à son personnage, prend tout son sens dans le tout dernier plan. Beaucoup de choses à voir et à déceler dans ces 2h25, jamais inintéressantes, mais parfois longuettes.
J'aime beaucoup les films d'époques d'Akira Kurosawa mais c'est dans ce registre-ci que je l'affectionne le plus. Le constat est similaire concernant Toshiro Mifune qui signe avec L'ange Ivre et Chien Enragé sa prestation la plus délicate et sauvage. Le réalisateur Japonais poursuit sa traque des tourments et plonge à travers Shakespiere pour construire son récit tout à la fois habile et attrayant. La longueur du long métrage permet de défilé le fil de l'intrigue avec intelligence et insiste sur la psychologie des personnages et sur les liens troubles qu'ils ont tissés. Le sens des dialogues est comme toujours chez Kurosawa très aiguisé, les tirades fantastiques ici ne se comptent plus. Un long métrage très politique et qui fait la part belle à la souffrance sous couvert de la dénonciation du cynisme, la fin en témoigne de manière significatif ...
Un des plus mauvais Kurosawa qu'il m'ait été donné de voir. Toshiro Mifune n'est pas très bon et on ne peut pas lui en vouloir le rôle qu'il tient supportant mal les quelques contradictions du scénario qui font errer son personnage. Les décors sont eux aussi assez pauvres et le tout bien artificiel. Bref c'est l'anti Rashomon. Si vous aimez les bons films de samouraïs de Kurosawa, vous risquez d'être bien déçus ; ce n'est tout simplement pas son fort de faire autre chose que ce qu'il maîtrise à la perfection.
Akira Kurosawa a le don de s'approprier les textes de Shakespeare pour faire des films à l'ampleur colossale. La manière dont les enjeux pèsent sur les personnages et le spectateur permet au cinéaste de proposer à chaque fois une expérience cinématographique marquante. L'adaptation de Hamlet, l'une des pièces les plus riches de l'auteur anglais, s'annonçait donc comme une œuvre incontournable. Ce film présente un conflit perpétuel entre le sérieux et l'humour : plusieurs interludes entièrement dédiés au comique ponctuent l'intrigue principale. Ce contraste étonne par son efficacité. Le changement de ton se fait rapidement, au détour d'une phrase, comme si de rien n'était. La modulation habile de la musique permettent de graver ces basculements, pourtant étonnants, dans la logique de l’œuvre. Un point important, puisque Kurosawa va jusqu'à s'approprier les qualités de chaque registre pour affiner la structure de l'histoire. Ainsi, le sérieux d'un coup de théâtre empêche son aspect retentissant d'être ridicule, alors que le comique permet de faire passer une facilité scénaristique en toute discrétion. Cependant, Les salauds dorment en paix reste un long-métrage profondément sombre et fait preuve, à l'instar de Ran, de beaucoup de pessimisme. La dureté de l'histoire se traduit par des images anormalement symétriques et des personnages raides, avec des gestes très mécaniques (ce qui est peut-être une autre manière de critiquer le monde du travail japonais). Mais, comme souvent avec Kurosawa, c'est au niveau de l'écriture pure que son œuvre brille le plus. Toute l'histoire s'articule autour du secrétaire de l'entreprise, qui est certainement l'un des rôles les plus intéressants de la carrière de Mifune. L'intelligence de ce personnage (par extension, celle du scénario) est remarquable tout le long du film, en particulier lors de la scène des billets. Le secrétaire est à l'origine du problème posé dans cette scène (ce que ses collègues ne savent pas) et le spectateur est invité à découvrir ses intentions au moment même où elles se concrétisent. Un de ses supérieurs est accusé à tort devant ses yeux, et son silence et son sang-froid est perçu comme du professionnalisme, comme il l'avait prévu. Ce passage déjà intéressant est rendu virtuose par la scénographie de Kurosawa, qui s'arrange pour que toute l'intensité de la scène passe par le regard de Mifune, qui papillonne d'une personne à l'autre. Du grand cinéma. Le cinéaste japonais dépasse donc sans surprise le stade de la simple adaptation et ne puise que le meilleur de la pièce de Shakespeare pour faire une œuvre différente, et surtout personnelle. C'était beau et c'était grand, merci Akira !
C'est le 1er de Kurosawa que je voit qui ne soit pas un chambara. Et avec ce polar dense, complexe et d'une force incroyable, il signe un pamphlet déguisé en adaptation d'Hamlet (ou le contraire) qui rentre dans le lard des hauts fonctionnaires de son pays, l'institution étant visiblement corrompu jusqu'au plus haut sommet. Cette fable noire, grinçante, impitoyable, est d'une précision chirurgicale tant au niveau des interprétations que du scénario jusqu'au décors et montre à quel point l'art de la mise en scène de Kurosawa est complet. Si le film est très long et parfois difficile à comprendre, ça reste une dénonciation à la fois engagée et limpide d'un système qui révulse son auteur tout en s'avérant désespérée. T. Mifune signe une performance grandiose, moins exubérante et physique que d'autres collaborations avec le maître tandis que les autres personnages sont bien développés et bien jouer par des acteurs impliqués (quand bien même j'ai toujours un peu de mal avec les éclats de voix et les grandes déclamations exubérantes). Un grand film à voir et à décortiquer pour en apprécier toutes les ficelles. D'autres critiques sur
Drame de vengeance, japonais. Un homme dont le père a été victime d'un haut dirigeant d'entreprise épouse la fille, handicapée, de celui-ci pour assouvir une vengeance, spoiler: mais cela le mènera à sa perte.
Sorte de tragédie inspiré de Hamlet. Le fils voulant venger son père. Beau film de Kurosawa, très bien réalisé, avec des séquences remarquables (le début du film montrant le mariage, lorsque le personnage principal veut faire se suicider un traître en le défenestrant). Le héros veut lutter contre la corruption mais n'hésite pas à utiliser des moyens peu orthodoxes. La fin est à la fois longue (incarcération) et rapide (mort du héros), et le lieu de détention est plutôt banal. Mais les dialogues sont toujours intéressants et les relations humaines sont bien décrites. Les motivations du héros sont claires, et plutôt cyniques. C'est un film plutôt pessimiste sur la nature humaine spoiler: puisque en fait les "méchants" ont gagné et pourront dormir en paix.spoiler: