Oui, Safy Nebbou est un grand conteur. Son film nous enivre par sa pudeur, son sens du romanesque et l'humanité de ses protagonistes. Il est très important de le rappeler mais il est bien rare aujourd'hui de voir qu'un cinéaste se lancer dans un si grand défi qui consiste à créer un film pour les enfants, se devant de trouver aussi un second degré pour les plus grands. Pour un divertissement qui se veut intelligent, accessible, distrayant. C'est ce qu'est Le Cou de la girafe. Pourtant, on s'inquiète légèrement au début. Le scénario éprouve des complications à trouver ses marques et s'enfonce dans psychologique complexe comme pour la personnage de Mathilde, enfant en difficulté scolaire mais d'une incroyable intelligence. Le tout sonnant un peu trop artificiel par un certain manque de maîtrise, et non de talent, on avait peur de voir l'aventure se perdre dans une peinture de l'enfance en difficulté scolaire et incomprise par son entourage. Ici étant sa mère. Mathilde est fascinante dans un rôle très sensible, interprété avec virtuose. Mais c'est à partir de la fugue de Mathilde que le film décolle. Et quand l'aventure commence avec l'extraordinaire Claude Rich et sa petit fill, le film trouve le chemin de la poésie. Le voyage est émouvant et trouve sa philosophie dans le principe même de la racine familiale. Claude Rich y est bouleversant dans son personnage d'homme de lettre blessé, à l'ambiguïté fascinante. Sandrine Bonnaire est à la hauteur de nos attentes, alerte et épineuse de sa personne. On pourra seulement reprocher, même si l'idée se discute, du choix des dialogues. En effet, ils s'accordent difficilement avec ses locuteurs. Mais Le Cou de la girafe est une oeuvre rayonnante, d'une justesse incontestable. En outre, le final réserve une dernière interrogation à ses spectateur, compréhensibles par tous dans l'espoir à ce que les parents expliquent à leurs enfants un phénomène actuel, tragique et déchirant : la maladie. Un grand moment de poésie et de lyrisme.