Hooligans est le premier film de Lexi Alexander après une série de cinq courts-métrage réalisés entre 2002 et 2005. Un film pour lequel la réalisatrice est également co-productrice.
Deborah Del Prete, la productrice d'Hooligans, parle du moment où elle a découvert le scénario : "J'ai été intrigué par cet univers de supporters, mais ce qui m'a passionnée, c'est l'histoire de ce garçon qui trouver ses marques. (...) Pour moi, ce n'est en aucun cas un film sur le football britanniques, c'est une odyssée humaine dans un univers aussi effrayant que fascinant.". L'autre productrice, Gigi Pritzker confie également qu'elle "aime aussi que le film aille contre les idées reçues. (...) Pour une fois on ne parle pas de gens qui ont des parcours tellement cohérents, tellement prévisibles que cela en devient improbable."
L'équipe d'Hooligans a installé ses caméras dans la capitale anglaise durant 5 semaines entre avril et mai 2004. Lexi Alexander explique son choix : "Londres offre l'avantage d'être une ville dont les clubs sont très réputés, mais c'est aussi une cité vivante et surprenante. Le football anglais est très lié aux thèmes du film et il y a là-bas une dévotion très spectaculaire à ce sport. Bien sûr tourner sur ce thème dans cette ville était parfois surprenant tellement nous étions proches de la réalité. Nous avons reçu l'aide du West Ham Football Club d'Upton Park et ils se sont montrés vraiment coopératifs. Filmer chez eux a été une chance fantastique."
L'une des originalités de ce projet est qu'il soit initié par des femmes, comme le souligne Gigi Pritzker : "Le projet est atypique et je trouve amusant qu'il soit mené par des femmes. Cela rééquilibre le fait que la presque totalité de la distribution soit masculine !"
Trouver des acteurs pouvant interpréter un groupe d'Hooligans n'a pas été le premier objectif pour la réalisatrice : "Lorsque j'ai écrit mon scénario, je n'avais personne en tête pour les rôles. je souhaitais d'abord écrire une bonne histoire et il serait ensuite temps d'écouter les propositions. Ce qui est certain, c'est que la majorité du casting demandait des hommes jeunes, peu attendus dans ce genre de contexte, et que les quelques personnages féminins devaient être remarquablement incarnés pour prendre leur place dans cet univers.
Le rôle principal est tenu par Elijah Wood. L'acteur a été le seul sollicité pour incarner Matt Buckner. De son personnage, il déclare : "Matt Buckner est un personnage qui a son parcours, il a connu l'injustice, il a fait des erreurs, il s'est enfui pour trouver le repos, et le voilà confronté à un univers qui d'abord l'attire parce qu'il y est accueilli, mais qui bientôt va lui poser de vrais problèmes de conscience...C'est un rôle fort, à l'opposé des caricatures que l'on trouve trop souvent dans les films de studios. Tout n'y est pas tout noir ou tout blanc. C'est passionnant à jouer et il n'y a plus que les films indépendants pour offrir des personnages aussi réels."
Claire Forlani confie sur son rôle de Shannon et à propos de l'ambiance durant le tournage : "Etre le premier rôle féminin dans cet environnement de garçons vous met une sacrée pression. Shannon essaie de garder la tête sur les épaules entre tous ces passionnés. Elle est la raison, le coeur et elle a beaucoup à faire. Souvent, c'est elle qui voit venir les catastrophes et qui garde un peu de bon sens. (...) Sur le plateau, l'ambiance était vraiment fantastique. J'éatais parfaitement entourée et le climat était beaucoup plus détendu que dans l'histoire !"
A travers son film, Lexi Alexander a voulu faire la distinction entre les supporters et les hooligans : "Souvent dans l'esprit des gens, les clubs de supporters sont amalgamés aux gangs, or il existe une différence fondamentale : les gangs sont des organisations criminelles dont la raison d'être est de controler un territoire ou de vendre de la drogue. Les clubs de supporters ne regroupent pas de criminels mais des gens comme vous et moi, qui le plus souvent travaillent, ont une famille, et qui le samedi soir venu, vivent autre chose...". Elle poursuit en précisant que sa démarche n'avait pas pour but de "caricaturer ni de dédouaner tout ce qui se passe dans ces firms, mais de permettre aux spectateurs de plonger dans un univers qui a du bon et du mauvais, à un niveau d'intensité inégalé."
Pour les besoins du film de nombreuses scènes ont été tournées durant de vrais matchs, Lexi Alexander se souvient : "Nous avions des scènes très différentes à tourner, sait au milieu de la foule pendant les matchs, soit les affrontements entre clubs de supporters (...) Les scènes pendant les matchs ont parfois été surréalistes à tourner. Nous avions nos acteurs principaux mélangés à des comédiens et des figurants qui jouaient l'enthousiasme pour leur équipe. Souvent, ils se prenaient au jeu, regardaient le match et oubliaient même qu'il y avait des caméras ! (...) Une fois les policiers sont venus nous voir pour nous demander de calmer nos comédiens parce qu'ils se montraient tellement présents que les autres clubs de supporters, de vrais ceux-là, risquaient d'y voir une provocation. On avait des comédiens trop remontés qui risquaient de mettre le feu aux poudres."
L'oeuvre de Cass Pennant a été d'un apport décisif pour film. Personnage-clé de la célèbre InterCity Firm de West Ham, sa capacité à se sortir de n'importe quels combats à coups de poings lui a permis d'être respecté par ses pairs et craint par les autres. Il a utilisé son expérience de hooligan en écrivant son autobiographie, ainsi que quatre autres livres sur l'univers du football et des firms.
C'est Pat Johnson qui a coordonné les différents affrontements entre supporters qui rythment le film : "Chacune révèle un rapport de force ou fait avancer l'intrigue. (...) Ce sont des affrontements assez particuliers à chorégraphier. Lorsque vous parlez de boxe, de sport de combat ou d'ennemis, vous avez des groupes structurés, identifiés qui se battent selon certaines règles. Là,nous sommes plus dans une anarchie improvisée, une multitude d'affrontements individuels qui se fondent dans un ensemble. Chaque combattant a sa méthode, son style et sa puissance."
Lexi Alexander a très tôt cotoyé le milieu des supporters de football en Allemagne (son pays d'origine), ce qui lui a été utile pour prendre du recul et constater l'évolution des choses : "Je connais bien l'univers des clubs de supporters parce que depuis que je suis jeune, j'ai toujours suivi mon grand frère dans ce genre d'ambiance. (...) Bien sûr, en ce temps-là, ça n'allait pas aussi loin que maintenant. Il y avait moins de violence, d'extrémisme, mais on trouvait déjà cet esprit de groupe, ce lien fort qui unit les jeunes."
Le cinéma s'est souvent interessé au football et aux passions déraisonnées qu'il déchaîne chez ses supporters. Ainsi parmi les films références en la matière on peut citer : Coup de tête , Football factory, A mort l'arbitre! de Jean-Pierre Mocky ou encore Carton jaune.
Le film a reçu un acceuil plus que chaleureux dans de nombreux festivals. Ainsi au Festival du Film de Malibu, Hooligans a remporté le Prix du Jury, au festival SXSW en 2005, il a reçu le prix du Jury ainsi que celui du Public et enfin le film a été selectionné en compétition officielle au Festival du film de Tribeca à New York.