Film très symbolique, où chaque scène peut être analysée pendant des heures.
D'abord, les jeux de lumière sont omniprésents, et accompagnent la descente aux enfers du portier, qui passe littéralement de la lumière à l'ombre. La symbolique de l'uniforme est omniprésente: plus qu'une position sociale, en le perdant, il perd sa peau. D'autant plus que le portier est totalement hanté par le regard des autres, il ne vit que par lui. Plus le temps passe, et plus on se demande comment il aurait pu faire autrement que voler son uniforme pour sauver les apparences. Le mariage n'arrange rien à l'affaire. Le moment crucial arrive lorsque la belle mère découvre la supercherie. Les deux visages s'affrontent: l'un crie de surprise, l'autre est paralysé par la peur. Alors qu'elle rebrousse chemin en courant, lui qui est au fond du trou ne peut plus fuir. Alors qu'il devrait accepter son destin, non! il revient chez lui encore en uniforme. Ultime tentative pour sauver les apparences, dérisoire lorsqu'on sait que tout son immeuble est au courant de sa déchéance. Les portes sont très travaillées: la première est un tourniquet, qui enveloppe, la seconde est la porte du maître d'hôtel, quadrillée comme une fenêtre de prison, la troisième est battante, pour mieux gifler le protagoniste. L'expressionnisme est assez absent des décors, qui sont droits et réalistes, sauf à quelques moments, lorsque l'hôtel lui tombe dessus par exemple. En revanche, les acteurs ont des expressions très travaillées, la gestuelle est très importante: le corps du portier se courbe de plus en plus à mesure qu'il est dégradé. La technique de Murnau, novatrice de par son utilisation de la caméra déchaînée qui a nécessité de réécrire le scénario pour tenir compte de cette liberté de mouvement accrue et des possibilités offertes par le travelling, consiste en une utilisation minimaliste des intertitres (2 en tout, même pas nécessaires), et une façon de filmer le décor avant le personnage. C'est particulièrement flagrant dans les 2 premiers plans. Il y a une vie à côté de celle du portier, qui n'est finalement qu'un homme parmi d'autres. Enfin, le scénario en fait un film engagé, réalisé après la crise de 1923, proche du Kammerspiel.
La fin permet au spectateur de ne pas aller se pendre après le film, parce que c'est pas très gai. D'ailleurs, la traduction anglaise du titre est: le dernier rire.