Sublime. L'histoire d'un homme, ou plutôt l'incroyable déchéance d'un viel homme qui avait fondé sa vie sur rien, sur un emploi de portier dans un hotel de luxe. Mais tout métier mérite sa retraite, même si elle oblige à se regarder en face. Terrible, émouvant et grandiose.
C'est une histoire tragique qui peut arriver à n'importe qui. D'une réalisation intimiste et du jeu intense d'Emil JANNINGS, on espère que ce n'est pas le "Dernier des Chefs - d' Oeuvres".
J’ai eu la chance de voir ce film lors d’une séance ciné concert avec le groupe Mygük. L’acteur jouant le portier de l’hôtel dégage quelque chose d’extraordinaire. On s’attache immédiatement à lui. Ce film nous offre une véritable leçon de cinéma : aucun dialogue et intertitres. Tout est dans le visuel et nous ne nous ennuyons pas un seul instant.
Alors que ses contemporains se sentaient obligés d'offrir un intertitre toutes les 2 minutes, Murnau a révolutionné le cinéma en suprimant ceux-ci. On découvre donc un film plus mur que Nosferatu, mais moins fort que l'aurore, le dernier des hommes est (malgrès un rebondissement tiré par les cheveux de la part du scénariste, Carl Mayer) un grand film, fort, sur la destruction de l'homme par la société.
Dés les premiers instants du film, Emil Jannnings semble tout droit sorti d'un dessin animé avec sa bonhomie sympathique et ses imposants favoris. La figure récurrente de la porte vitrée qui laisse entrevoir une foule sous la pluie battante met une distance entre nous et ce personnage imposant et respectable, une bien belle vitrine... Jusqu'à ce que la caméra la traverse (plan semblable au plongées de Citizen Kane) jusqu'à cet homme, pathétique et intime (grâce à la caméra subjective), sans pitié, Murnau s’emploie à un réalisme sociale implacable et cruelle. Plus que jamais le "travelling est affaire de morale". L’expressionnisme caractéristique de l'artiste, par surimpression oniriques, ensemble de gros plans moqueurs et scènes floutées enfonce le clou de la subjectivité et de l'identification dans la chute. Un oeuvre profondément sceptique dont la fin secondaire se décridibilise par le changement radicale de ton radicale.