J'aime beaucoup les films muets mais j'ai trouvé Le Dernier des hommes un peu long notamment l'épilogue qui traîne assez en longueur. Beau film mais un peu ennuyeux, les images sont belles ainsi que la musique qui accompagne les mésaventures du portier.
Le récit (sans intertitre) cruel et intemporel d’une déchéance sociale, servi par une mise en scène virtuose et porté par l’interprétation inoubliable d’Emil Jannings.
Le portier d'un grand hôtel tire fierté de son travail et aborde toujours sa livrée comme un uniforme, ce qui lui doit une certaine réputation dans son quartier. Mais la direction de son hôtel, le jugeant trop vieux, lui donne l'emploi de préposé aux toilettes. Pour ne pas perdre la face dans son voisinage, il décide de voler la livrée et de la garder. Fable cruelle sur la vieillesse et ses illusions, "Le dernier des hommes" impressionne surtout aujourd'hui par sa technique. Alors que l'histoire est très simple, voire simpliste, se terminant même par un épilogue longuet invraisemblable mais assumé par le réalisateur, c'est vraiment la réalisation qui prime et qui se démarque. En 1924, Murnau rend sa caméra mobile, se permet d'impressionnants travellings et oscille sans cesse entre réalisme et expressionnisme pour mieux traduire le désarroi de son personnage principal, incarné par le truculent et cabotin Emil Jannings. Si le propos est un peu lourd, on peut saluer sa fluidité alors que le film se passe quasiment d'intertitres et qu'il n'a pas besoin d'en faire des caisses pour faire passer son message. Ce n'est certes pas le meilleur film de Murnau mais chaque plan est un vrai régal pour les yeux, impressionnants et travaillés avec une fluidité qui forcent l'admiration.
Une fable du kammerspiel conduite avec brio par Murnau qui inventait là la caméra en mouvement , presque subjective et réalise , entre autres , une belle séquence onirique. Emil Jannings livrait ici une de ses remarquables composition . Seul petit bémol : certaines séquences , dont la finale, trainent en longueur . Dernière remarque : le film est un des premiers films muet à ne comporter quasiment pas d'intertitres ( un seul) .
Je ne pense pas que ce film soit le meilleur de Murnau, mais il reste très agréable jusqu'à son épilogue qui est totalement inutile et qui fait tout sauf servir le film et son propos. Sinon le film est bien raconté, le fait qu'il n'y ait aucun dialogue écrit que l'on comprenne quand même ce qui se passe, ce qui peut se dire à l'écran relève quand même d'une certaine performance.
Ce grand classique - modèle de mise en scène indiscutable - prouve à quel point les charges commerciales sont capables de changer ce qui aurait pu être un véritable chef d'oeuvre en guimauve insipide et ridicule. Le Dernier des Hommes n'est de fait rien de moins qu'un immense gâchis, un film dont le dernier quart d'heure discrédite entièrement l'ampleur émotionnelle jusqu'alors obtenue. Car si une majeure partie du film de Murnau témoigne d'une élégante tristesse approfondissant le personnage joué par Emil Jannings le rajout du happy-end est - en plus d'être extrêmement maladroit - terriblement plat quand on le compare au registre des 80 premières minutes. Fort heureusement la réalisation reste totalement impressionnante, largement supérieure à celle de Nosferatu pour ma part ( ce dernier souffrait d'une utilisation pléthorique de l'intertitre qui désamorçait la puissance visuelle de l'intrigue ; ici Murnau réalise un film muet sans pratiquement aucun panneau ). En ce sens les premiers plans très mobiles du Dernier des Hommes font figures de prouesse technique redoutable, et la séquence dans laquelle le portier se fait remercier est un sommet d'élégie cinématographique. A noter également un très bel accompagnement musical... Tentons d'oublier cet affreux dénouement pour mieux contempler ce qui le précède, à savoir un grand film du cinéma muet particulièrement abouti. A voir absolument.
Probablement en raison de cet épilogue (à mon sens inutile) rajouté à la fin du film, je n'ai pas autant apprécié "Le Dernier des hommes" que je l'aurai voulu. Si on prend le long-métrage pour ce qu'il est, on s'aperçoit immédiatement de la modernité tant formelle que scénaristique dont fait preuve en 1924 Friedrich Wilhelm Murnau : aux cadrages serrés (novateurs pour certains à l'époque), aux expressions des personnages (plus étudiées et travaillées que d'habitude), à la mise en scène soigneusement orchestrée et à l'écoute de la musique (parfois en quasi osmose avec la scène en cours), on sent que le metteur en scène allemand s'est donné du mal, comme sur chacun de ses films d'ailleurs, pour expérimenter et essayer de nouvelles techniques. Cela se voit pour l'histoire, sombre, tranchant avec le ton résolument plus léger de la grande majorité des films des années 20, qui montrent des aventures, des farces et des romanes en guise de faire-valoir. La scène finale en est la plus belle preuve et une des plus pessimistes que j'ai vues dans un film de cette décennie. Cela aurait donc été très bien si il n'y avait pas eu cet épilogue qui a tout gâché en réinventant la fin pour lui donner une tournure heureuse, nullement crédible et expédiée comme si le réalisateur n'avait pas voulu trop transgresser les codes. Dommage.
Même s'il n'est pas le plus connu des films de son auteur, Le Dernier des Hommes tient une place fondamental dans sa filmographie : véritable laboratoire d'experimentations visuelles, ce mélodrame sans intertitre préfigure "L'aurore" mis en scène trois ans plus tard, une oeuvre considérée à juste titre comme l'un des meilleurs films de tous les temps. Le style virtuose de Murnau est d'ors et déjà éclatant : à la fois aérien et mélancolique. La photo et la lumière constituent par ailleurs un sommet d'expressionnisme : jeu sur le clair-obscur, la lumière et les contrastes, attention portée aux lignes et perspectives archictecturales... A tout cela, il ajoute des innovations personnelles qui feront date dans l'histoire du cinéma : l'utilisation inédite de la caméra subjective en est l'une des trouvailles les plus spectaculaires...
Il faut aimer la pantomime et Jannings en fait des kilotonnes en vieux portier abattu et voûté par la perte de son statut et, surtout, de son uniforme. Chaplin aurait fait plus court et plus émouvant. Mais la copie restaurée est belle et l'histoire donne à voir les mœurs et les métiers d'une époque révolue. La fin façon conte de fée gâche le film et reste grotesque.
Un Murnau décevant, une oeuvre qui manque un peu d'émotion malgré un propos fort (décadence et perte de fierté d'un homme). Dommage qu'il n'y ai pas d'intertitres et plusieurs scènes ou il ne se passent pas grand chose n'était pas nécessaire. Un film avec du charme mais sans plus, j'ai vu une version longue avec un happy end pas forcément bien vu en plus.
F.W. Murnau nous offre une autre belle réussite du cinéma allemand, avec ici un film de chambre, par conséquent à thématique sociale. Certes, l'histoire manque d'un certain dynamisme mais le conte, qui porte sur la perte de dignité liée au déclassement et sur l'ironie du sort, reste finement traité et agréablement tourné. Dommage que ça ne marque guère l'esprit, contrairement à L'Aurore.
Chef d'oeuvre d'inventivité signé Murnau, Le dernier des hommes restera dans les annales pour être l'un des deux films muets sans intertitres (avec La nuit de la Saint-Sylvestre, 1923). Le réalisateur nous conte donc son histoire sur la vieillesse et sur le chômage, par le biais d'un vieux portier brillament joué par Emil Jannings, le tout uniquement par les moyens visuels offerts par une caméra. Il redouble donc de créativité ; tout y passe : travellings audacieux (celui sur le trompettiste, notamment), effets de subjectivité pour exprimer l'ivresse, l'oppression ou la paranoïa, séquences de rêve, cris des comères qui s'adressent la parole d'un étage à l'autre... Seule la fin, qui pourrait être interpretée comme un rêve elle-aussi, vient baisser le niveau à mon goût.
Heureusement que Murnau est là pour sauver un scénario pathos et une interprétation qui en fait des tonnes. La mise en scène, elle, est magistrale (mais bon c'est Murnau...)