Le réalisateur Nouri Bouzid dresse ici un portrait de femmes, "des individus qui échappent ou qui se trouvent éjectés par les structures familiales, patriarcales, extrêmement fortes et dominatrices (...) des oubliés car perdants, défaits, à la dérive portant une blessure cachée, souffrant secrètement dans leur solitude" : un sujet qui lui est cher et qu'il avait déjà abordé dans l'un de ses films, L' Homme de cendres. Le titre est, lui aussi, directement lié à ces personnes humiliées et exploitées : "ces femmes ne sont que des poupées". L'argile, quant à elle, "donne une dimension organique à ces êtres".
Poupées d'Argile évoque le destin de bonnes à tout faire. C'est en observant une bonne dans son voisinage que le réalisateur Nouri Bouzid a eu l'idée d'en faire l'idée centrale du film : "J'ai vu grandir une jolie bonne. Elle m'avait sans cesse interpellé. Elle avait des yeux plein de lumière intelligente et un jour, elle a disparu. Alors tout le monde y est allé de son scénario. Et là, je suis revenu à mon passé, à ma famille, pour écrire des personnages qui pouvaient s'intégrer à mon univers".
Les deux héroïnes du film portent des prénoms aux significations bien symboliques : le gain (Rebeh) et l'argent (Fedhah). Le symbolisme est d'autant plus fort que ces filles sont chargées de rapporter de l'argent à leur famille.
Ce film a reçu de nombreux prix en 2002 : le prix du public au Festival des 3 Continents de Nantes, le Bayard d'Or de la meilleure comédienne et du meilleur comédien à Namur et enfin le Tanit d'argent et le prix de la meilleure interprétation masculine à Carthage. En 2004, il obtient le Grand Prix du Festival de cinéma africain de Khouribga au Maroc.