Après une intro intriguante, puis un premier tiers qui traîne en longueur, ATTILA MARCEL prend son envol pour nous offrir de très beaux moments d'émotion profonde. On n'évite pas quelques facilités dans le tirage de portraits de cette galerie de personnages bédéesques mais, plongés dans un bain, ça passe. Anne Le Ny campe une merveilleuse Madame Proust (Yolande Moreau n'aurait pas fait mieux); indomptable farfelue, bourrue mais généreuse, cette guérisseuse aux plantes aidera-t-elle à faire remonter les souvenirs enfouis d'Attila, ce pianiste muet élevé par deux tantes profs de danse? La réalisation, soignée, aurait gagné à un montage plus vif et véloce sur le début. Malgré tout, le plaisir qui parvient ensuite n'en est que plus intense et puis l'audace de Sylvain Chomet étonne encore, avec une petite incursion kitsch et sexy dans le monde enchanteur de la comédie musicale et quelques scènes de gracieuse chorégraphie. On reste cependant dans la tradi-comédie avec plusieurs... notes douloureuses, sans parler qu'il s'agit ici de l'ultime apparition de Bernadette Lafont à l'écran. Toujours lumineuse, elle forme, avec une Hélène Vincent un peu fade, un improbable duo de sœurs, au lointain et vague parfum des 'Triplettes de Belleville', un tandem qui se veut croustillant mais qui n'en reste pas moins austère, étriqué et quelque peu ennuyeux. Dommage, il aurait fallu un peu plus de facéties pour nous les rendre attachantes. La surprise vient avant tout de Guillaume Gouix, excellent dans ce(s) rôle(s) inhabituel(s), jouant sur deux tableaux avec la même efficacité magnétique. Au final, c'est un très bon film qui a manqué de peu pour faire un succès, handicapé par une bien mauvaise distribution; manque de saveur globale, fond sinistre? L'infusion aux madeleines, y a certes plus fédérateur et pour autant, c'est un film qu'on aime aussi justement pour sa lenteur, ses licences poétiques et ses éclats soudains. À voir.