Adaptation du célèbre roman de Bram Stoker, héritier d'une longue série de films au sujet d'un mythe universel et intemporel ; il y avait tout dans ce Dracula pour en parler à l'aide de références et de points de comparaison. Problème, je n'ai ni lu ni vu quoi que ce soit au sujet du comte Vlad Dracul. Mais qu'à cela ne tienne, en bon impertinent que je suis, je me permet malgré tout une critique. Et ce paragraphe s'attaque à un film équilibré, qui penche sans jamais basculer entre horreur et romance, raconté de manière baroque et théâtrale. Là où Coppola attise l'intérêt, c'est dans sa vision ambivalente du vampire et à l'abord de thèmes riches que permet cette approche. L'amour que porte le prince à sa douce (Winona Ryder est à croquer, et se débrouille plutôt pas mal pour ce qui est du jeu) questionne sur l'amour éternel - surprenant dit comme ça, tiens, la passion et le désir de mort, le sacrifice, la lutte entre bien et mal et sa limite ténue. Bref, pas mal de choses à raconter. Mais au passage, les raconter avec style, ça peut aider. Et ça, Coppola y parvient. La première partie, au château du plus célèbre suceur de sang des Carpates (le seul recensé, en fait) met en place une mise en scène géniale, fascinante et ambiguë. Question cadrage, ça se calme un peu par la suite mais la photo et les décors qu'elle transpose à l'écran imposent une forte patte baroque très adaptée à un sujet qui bannit la retenue, d'autant que les effets spéciaux s'inscrivent également dans cette ligne de conduite. Visuellement, l'oeuvre est donc très achevée, et question audio, la partition de Wojciech Kilar assure l'essentiel, sans pour autant magnifier ou obscurcir le film. Sans transition, Gary Oldman est génial, Anthony Hopkins est Anthony Hopkins et les seconds couteaux s'en tirent plutôt bien. Seul Keanu Reeves est presque transparent. Cependant, Dracula n'a pas été pour moi un réel dépucelage en matière de vampirisme, puisque sans être moi-même féru de la pratique rassurez-vous, j'avais déjà vu Interview with a vampire, d'un genre certes différent mais que j'avais trouvé bien plus passionnant, car plus sombre et désespéré. Quoi qu'il en soit, il m'a été confirmé que le sujet est très intéressant si on le traite avec noirceur (non, je ne parlerai pas de Twilight) et que les thématiques du film de vampire sont toujours aussi riches, traduisant de près bien des vérités humaines. Quatre étoiles, dont une demie uniquement pour la réalisation de la première demi-heure, mémorable. C'est Coppola, et même si je connais bien mal le bonhomme, cette fois-ci je peux le dire sans risque, c'est culte !