Sachant que je devais m'attendre à du lourd rien qu'au nom du réalisateur et aussi du nombre impressionnant de critiques positives, je l'ai enfin visionné.
Et je lève mon chapeau ; Dracula est un film, un remake même, tout à fait exceptionnel.
Mis en scène avec talent, Coppola maîtrise de bout en bout sa réalisation, il sait comment garder captif son public, il nous retient tout comme Dracula retient Harker : avec effroi.
Les nombreuses références aux précédents Dracula sont un délice, les phrases que Dracula prononce "I never drink wine" "Listen to them, children of the night...". Tout simplement remarquable, mais aussi et surtout, Coppola joue sur les ombres, tout comme Nosferatu, ce jeu d'ombre présent dans de nombreuses séquences permet d'apporter la touche de fantastique nécessaire à la réussite de cette oeuvre. Car si Dracula se doit d'être un film d'horreur, il n'en est pas comme on peut se l'attendre. Jouant sur la peur, l'angoisse et la fantaisie, Dracula est un sublime mélange des genres pour en dégager une réadaptation contemporaine des plus réussites, bien plus que toutes celles qui se sont prétendues être des films sur Dracula, prenons l'exemple des films de la Hammer, qui n'ont aucun hommage car il faut bien avouer qu'ils sont bien mauvais, hormis le tout premier, et visiblement Coppola ne s'en cache pas.
Niveau personnages, une intrigue différente du premier Dracula est définie, Jonathan Harker est ici présenté dès le départ, nous n'assistons pas à la rencontre entre le comte et Renfield, laissant le choix au spectateur d'envisager ce qu'il veut, ici aussi, parfait. Ensuite Mina, très bien exploitée et interprétée, Lucie, parfaite, Van Helsing, meilleur personnage, à l'allure des plus Rock n roll de tous les Dracula, à la perfection dans son objectif, investi plus que jamais, lors des récits bibliques ou les stérilisations des terres du comte, de plus, son doublage français, à savoir la voix habituelle attribuée à Jack Nicholson apporte beaucoup, encore une fois lorsqu'il crie contre les vampires, qu'il lancent des incantations etc.. Campant trois personnages différenciés par le temps et l'espace, avec beaucoup de justesse.
Mais enfin et surout : Dracula. Interprété par Gary Oldman avec un sérieux captivant, à l'allure des plus terrifiants, ne reprenant pas l'image de l'homme élégant qu'était Béla Lugosi mais plutôt le monstre qu'était Nosferatu, avec son visage déformé, sa coiffure des plus immondes. En revanche on trouve un riche aristocrate, très calme, très posé, reprenant le jeu des yeux (très rarement) de Lugosi, se baladant avec sa cape, avec un costume adapté sur mesure pour ce personnage mythique, bien plus réaliste que ceux campés par Christopher Lee. Ce personnage est aussi intéressant car dès qu'il est présent le fantastique est de la partie, on le voit taper sur l'épaule et se retrouver dix mètres plus loin, marcher avec une ombre ne le suivant pas, avoir une forme charnelle plus jeune et plus séduisante, pour Mina et Lucie, que lorsqu'il est chez lui.
Bram Stoker's Dracula est donc une oeuvre cinématographique contemporaine s'approchant du chef d'oeuvre si l'on ôte les quelques effets spéciaux pas toujours très beaux. Alliant Horrifique, Érotique et Fantastique, Francis For Coppola réalise ce qui est a mon gout le plus réussi des films de vampires, à l'exception de Nosferatu et Dracula (1931) qui restent intouchables.
Il n’hésite pas à appuyer sur l’ambiguïté érotico-vampirique, à utiliser beaucoup de sang pour terrifier, mélanger à une musique qui sait tenir en haleine le spectateur, jusqu'à la poursuite finale, grandiose.
Aussi exceptionnel pour tous les plans de soleil levant/couchant, les plans du château, rappelant beaucoup ceux de Dracula (1931) et puis pour tous les aspects qui étaient prononcés mais non exploités dans les vieux films du même thème à l'exemple des femmes de Dracula. Egalement pour les voix off, l'avancée suivie par le journal de Jonathan Harker, magnifique.
Oeuvre exceptionnelle, très réussie, immanquable.