Seul point négatif: comme d'habitude avec Coppola, le film est un peu longuet (Même si aucune scene n'est inutile, attention). L'imagerie employée ici oscille sans cesse entre le morbide et le sensuel, et c'est ce qui fait tout le charme de cette histoire d'amour hors du commun. L'ambiance, souvent onirique, apporte au récit une dimension quasi surréaliste, et attise indéniablement la curiosité, comme pour nous hypnostiser, nous "vampiriser". Le personnage de Dracula, admirablement interprété par Gary Oldman, est présenté ici comme un être extrenement complexe: désabusé, irréductible, passionné, torturé, nostalgique, et in fine terriblement attachant. Cette richesse psychologique s'eloigne donc des poncifs du genre, et en ce qui concerne la représentation "graphique" du personnage, vous n'êtes pas au bout de vos surprises: le réalisateur a redoublé d'excentricités pour illustrer le caractère insaisissable et chageant de cette personnalité (costumes et visages jamais les mêmes, variétés dans ses métamorphoses...). A noter que certains costumes ou décors sont fortement inspirées des oeuvres de Gustav Klimt. Decision plutot originale vu le sujet, et qui plus est choix esthetique rarement adopté au cinéma. La bande originale ensuite, solennelle et mélancolique, funèbre et angoissante, englobe l'ensemble de manière crédible, non sans lui donner un coté "fresque historique", "histoire vraie". Enfin, le casting est plutôt bien senti: Winona Ryder et Keanu Reeves forment un couple de jeunes amants comme on aimerait en voir plus souvent(plus proche de la réalité), en plein questionnement, en constante évolution (et déchiré par la rencontre du "héros"). Anthony Hopkins campe ici un inquiétant chasseur de vampire: haut en couleur, impétueux, sans jamais tomber dans le cabotinage ou la caricature. La présence au casting du chanteur Tom Waits en interné psychiatrique est des plus réjouissante, tout comme l'apparition de Cary Elwes (Princes Bride). Film a voir, donc.