Il existe des films que l'on reconnait être des chefs-d'oeuvre, mais que l'on n'a pas réellement adoré. Et c'est ce qui m'est arrivé avec le "Dracula" de Coppola, dont j'avais longuement entendu parlé et pour lequel j'avais nombres d'attentes, notamment celle de voir ce que le génial Gary Oldman pourrait donner en Vlad Tépès. Au final, je n'ai pas aimé autant que je l'espérais, mais je suis obligé de vous concéder que l'on tient là un chef-d'oeuvre de beauté et de poésie. Franchement, je ne m'attendais pas à une telle réussite artisitque. En même temps, c'est du Coppola, alors fallait pas s'attendre à moins! En effet, ce "Dracula" ci concentre beaucoup plus sur le côté romantique du célèbre vampire plutôt que sur son côté attachant. S'il est devenu démon de la nuit, ce n'est que parce que sa femme est morte en le pensant lui même décédé, et qu'il a renoncé à croire en Dieu qui, bien sûr, l'a maudit. C'est à la fois triste et beau. Dracula n'est plus à présent l'être démoniaque et monstreux que l'on connaissait tous grâce au brillant Chritopher Lee. Non, en fait, il est un homme mort pour son amour envers sa femme, et la malédiction qui l'a rendu vampire a accentué son côté psychopathe, lui qui ne possédait pas déja toutes les cases lors de sa naissance. Ce côté humain de Dracula nous ferait presque l'apprécier, et personnellement, je me suis attaché à lui, à tel point que je voulais qu'il s'en sorte et vive heureux avec Mina Harker.
Mais la magnifique conclusion ne sera pas d'accord avec moi sur ce point, et brisera tous mes rêves. Une fin à la hauteur des attentes, et franchement très belle.
Malgré quelques longueurs ( ça ne pétarade quand même pas dans tous les sens ) qui commencent à se faire ressentir dix minutes après que Jonathan Harker parvienne au château de Vlad l'empaleur, et après une excellente introduction à la hauteur des attentes, dramatiques et émouvantes, bien que certains la trouveront surement trop théâtrale. En fait, au début, après cette fameuse intro, on attendra avec tellement d'impatience que l'intrigue se mette en marche que l'on en viendra à s'impatienter, justement, de tous ces dialogues. Mais comment lui en vouloir puisque c'est la version la plus fidèle du génial bouquin de Bram Stocker, mythique écrivain? Il fallait bien un film comme celui ci pour dévoiler toute l'étendue de la beauté de son oeuvre ( bien qu'il y est ai eu quelques petits changements au passage ). Le film n'est donc pas manichéen, et je souhaitais plus la réussite de Dracula plutôt que celle de Van Helsing, brillamment interprété par l'inoubliable Anthony Hopkins, mémorable Hannibel Lecter. C'est donc Hopkins qui prend la place de l'immense Peter Cushing ( avec brio, il faut bien le préciser ) et parvient à nous livrer une prestation de haute-facture, comme à son habitude, ai-je envie de dire. C'est l'exact inverse du Van Helsing de Cushing : lui était tout en retenue, tandis qu'Hopkins présente un brin de folie des plus appréciables. Leur seul point commun est cette classe particulière que tous deux possèdent, la classe anglaise. Et tout comme l'affrontement Cushing/Lee, celui Hopkins/Oldman est tout simplement extraordinaire. Les deux hommes rivalisent de charisme et de talent dans un duo de dingue. Perso, j'ai préféré Oldman, parce que le gars est juste brillant dans son rôle, mais je comprends parfaitement que l'on ai pu lui préférer l'inimitable Hopkins. Pour le reste du casting, c'est vraiment bon, notamment pour Keanu Reeves ( ensuite révélé par "Matrix" ) et la très bonne Winona Rider ( que je ne connaissais pas avant de l'apercevoir dans le non moins bon "Alien Resurrection" de notre Jean-Pierre Jeunet à nous ). L'intrigue, quand à elle, est vraiment très bonne. Normal, me répondrez-vous surement, elle est tirée du bouquin. Oui, mais pas que. L'excellente idée d'en faire un démon rejeté de Dieu est tellement bonne et bien utilisée que l'on ne pourra que tirer son chapeau bas aux bien bons scénaristes. C'est de l'excellent travail, et je ne vois pas qui cela pourrait décevoir. Ah oui, après bien sûr, il ne faut pas s'attendre à un métrage basé sur l'horreur et l'épouvante : il explore la face hérotique du vampire, et ce au détriment des frissons qu'il aurait pu nous fournir. C'est un choix artisitique, et je l'ai préféré à des sueurs froides. Disons seulement qu'il avaitplus de chance d'être un chef-d'oeuvre de la sorte, en se concentrant plus sur son côté charnel que sur sa part d'horreur. Les maquillages sont d'ailleurs excellents, et ajoutent une certaine crédibilité et un réalisme indéniable à ce personnage fictif qu'est Dracula. Son physique âgé est extrêmement bien fait, aussi vrai que les phases où il passe du jeune au vieu sont extrêmement bien dosées, et que son costume ( ou maquillage ) en bête est extrêmement convaincant. Excellent choix d'avoir fait de Dracula autre chose
( notamment un loup-garou )
que ce qu'il était auparavant. Nous sommes bien loin de la vision de Christopher Lee, et ce pour notre plus grand plaisir. Un bain d'air frai, un classique du septième art. Je lui ai préféré le dernier en date, "Untold", sur un point de vue divertissement, mais force est de constater que ce dernier ne parviendra jamais à l'atteindre au niveau de la mise en scène et de la beauté même de la chose. Encore que tous deux ne sont pas tout à fait comparables, "Untold" ne se déroulant pas au même moment dans l'histoire du compte. Un très bon film qui vaut principalement par sa réalisation, ses acteurs et sa direction artistique. A voir.