Adapter le Da Vinci Code de Dan Brown était un projet perdu d'avance. Si de nombreuses critiques se sont abattues sur ce best-seller, lui reprochant ses théories théologiques aux origines historiques douteuses, Da Vinci Code n'en demeure pas moins l'un des meilleurs romans des années 2000. Subtile mélange de thriller en forme de plongée dans l'histoire religieuse et ses secrets, ce roman accessible, passionnant et captivant avait le mérite de vulgariser des sujets bien souvent pointus. Il décryptait également des énigmes mathématiques ou le symbolisme inhérent aux oeuvres de Leonard De Vinci tout en bousculant les fondements de la bible. L'idée de confier le projet à Ron Howard n'était pas en soi une mauvaise idée, le réalisateur ayant prouvé depuis bien des années qu'il méritait amplement sa place et le succès que ses films (Backdraft, La rançon) ont rencontré. Du fait de la longueur du roman et des éléments historiques et techniques longuement décrits par Dan Brown, rien de surprenant que le cinéaste ait revu entièrement la structure pour réduire l'histoire à un film de 150 minutes. Sauf que dans le cas présent, beaucoup de détails ont été changés, supprimés ou ajoutés. Parmi ces modifications figurent le fil d'Ariane de l'histoire, à savoir
la volonté d'humaniser la vie de Jésus Christ
, qui tombe ici dans les travers de la société américaine en conférant des pouvoirs de guérisseuse à Sophie Neveu, allant ainsi à contre-sens du message du Da Vinci Code. La réalisation est pourtant efficace tout comme le casting qui joue la carte de l'international en réunissant Tom Hanks, Audrey Tautou, Jean Reno ou Ian McKellen. On retrouve dans cette adaptation tous les passages les plus importants du roman dont l'intrigue est ici resserrée sur le couple Langdon-Neveu, une erreur monumentale dans le sens où les personnages de Silas (Paul Bettany) et de l’Évêque Aringarosa (Alfred Molina) sont complètement passés à la trappe alors qu'ils sont longuement abordés dans le livre, celui-ci nous expliquant en long et en large les raisons de leurs actions.
Concernant les ajouts, autant la course-poursuite en marche-arrière peut se justifier, autant le fait d'avoir détaillé la scène du Bois de Boulogne en ajoutant un personnage de junkie est complètement hors-propos et dessert mal l'histoire.
Autre déception de taille, la modification des liens qui unissent Jacques Saunière et Sophie Neveu ainsi que la résolution de l'histoire qui se retrouve simplifiée à outrance pour un résultat qui n'en valait pas forcément la peine. Je passerai sur les éléments historiques survolés et la rapidité des personnages à résoudre des énigmes alambiqués afin de mieux dénoncer l'attitude de Ron Howard. Celui-ci passe entièrement le film au chalumeau du puritanisme, éliminant tous les liens possibles qui pourraient entacher l'héritage divin du personnage de Sophie Neveu, un parti-pris dont on se serait bien passé, d'autant plus que, comme je le disais plus haut, il dénature le propos de Dan Brown pour en faire une soupe cinématographique acceptable. Divertissant et probablement sympathique si vous n'avez pas lu livre, Da Vinci Code version Ron Howard mérite amplement les nominations successives obtenues en 2007 aux Bidets d'or, aux Razzie Awards ou aux Gérard du Cinéma. Le pari de l'adaptation était ardu mais avec une telle approche, le fiasco était garanti.