Le professeur Robert Langdon, spécialiste des symboles religieux, est appelé au Louvre où on vient de découvrir le corps du conservateur Jacques Saunière assassiné par un moine albinos. Avant de mourir, il a écrit avec son sang le nom de Langdon, accompagné d'un message codé. Très vite suspecté par le commissaire Fache, il réussit à s'enfuir avec l'aide de Sophie Neveu, une cryptographe de la police qui se trouve être la petite-fille de Saunière. De messages codés en messages codés, de Paris à Londres, ils avancent sur la piste d'un secret que détenait Saunière, grand-maître du Prieuré de Sion : la descendance que le Christ aurait eu avec Marie-Madeleine. Ils doivent échapper aux griffes du commissaire Fache, et surtout à Silas, le moine albinos chargé par l'Oups Dei d'éliminer les membres du Prieuré...
Ron Howard est un honnête faiseur de films, qui n'a jamais prétendu être un nouveau Welles ou un nouveau Cuckor. Avec "Appolo 13" ou "Backdraft", il a réussi a raconter des histoires bien ficelés, sur un rythme efficace. Je dois avouer que je n'ai pas compris le déchaînement de la critique cannoise contre le film, comme si l'excès d'honneur (Eurostar spécial, projection en ouverture) suffisait à justifier cet excès d'indignité. Dans "Da Vinci Code", il alterne de l'assez bon (un montage parallèle plutôt énergique, un certain savoir-faire pour dynamiser l'interminable prêchi-prêcha, certains plans de tableaux pour souligner l'ambiance) avec du nettement moins bon (les clichés sur les prélats retors, une esthétique parfois franchement de mauvais goût).
Mais la vision du film est accablante pour le scénario, et au-delà, pour le galimatia indigeste de Dan Brown. Ce qui était déjà ridicule à l'écrit devient carrément risible à l'écran, et le blabla censément érudit se dilue dans l'ennui malgré les écarquillements de mirettes d'Audrey Tautou. Paradoxalement pour un film d'action, le récit s'étire à cause des innombrables scènes où sont révélés les turpitudes de l'église et l'oeuvre du Prieuré de Sion, et un spectateur qui n'a pas lu le livre risque de s'y perdre entre les différentes forces occultes qui en plus jouent des doubles jeux. Tom Hanks fait du Tom Hanks, seul au monde pour sauver le soldat Tautou, et Jean Reno fait du Jean Reno. La bonne surprise vient de Ian McKellen, parfait dans son rôle de milliardaire britannique féru d'ésotérisme, à la fois passionné et inquiétant.
Pour ceux qui veulent aller au cinéma pour s'interroger sur la nature humaine du Christ, courrez (re)voir "La dernière Tentation du Christ" de Scorcese, ou mieux encore, "L'évangile selon Saint Matthieu" de Pasolini. Pour ceux qui veulent voir un solide polar, profitez des derniers jours d'"Inside Man", de Spike Lee. Pour ceux enfin qui auraient la curiosité de voir comment adapter un best-seller immérité, vous pourrez alors endurer les 2 h 30 en essayant de repérer comment Ron Howard a méritoirement essayé d'insuffler du rythme dans une intrigue aussi verbeuse.
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