Norman Winther est trappeur à quelques jours de traineau au nord de Dawson, dans l'ouest du Canada, mais surtout dans le "grand nord canadien", grandiose et rude. Il vit depuis 15 ans avec une jolie indienne qui le seconde efficacement, et avec ses chiens qui sont ses indispensables amis et compagnons de travail.
Hélas, les compagnies forestières gagnent du terrain et Norman et ses compagnons à 2 et 4 pattes doivent déménager encore plus au nord, dans une région encore plus dangereuse, mais aussi encore plus belle...
J'avais lu quelques critiques négatives sur ce film (qui n'en est pas vraiment un d'ailleurs, disons à mi-chemin entre documentaire et film), mais j'ai bien fait de préférer me faire mon propre avis.
Les critiques visent d'abord le non-jeu de Norman Winther, qui, comme sa compagne, joue son propre rôle, les dialogues plutôt plats et le choix d'une docu-fiction quand on pouvait, d'après eux, aller à fond dans un sens ou dans l'autre avec peut-être plus de bonheur.
Pour moi, tout ceci est vrai, mais rien ne tient.
Norman Winther n'est pas le magnifique Tchéky Karyo de "L'ours", et alors? Il joue son propre rôle, ne cherche jamais à se prendre pour un acteur (ce dont on lui sait gré), ce qui le rend plus touchant, plus réel que possible.
Qui d'autre que l'authentique "dernier trappeur" aurait dans ce regard l'amour de cette vie, de cette région, de la nature, nature avec qui, comme il le dit, l'humanité doit ré-apprendre à vivre avec et non pas contre.
Qui d'autre aurait aussi, par moment, dans ce même regard, de tel lueurs d'infini tristesse devant la fin annoncé de son paradis?
Les dialogues... ils peuvent être défini comme pauvres si on parle de "cinéma", ils sont surtout pudiques et laissent la place à une salutaire participation du spectateur pour lire entre les lignes, si on parle de notre avenir sur cette planète, sujet sous-jacent du film (loin des grandes envolées lyriques et visuels néanmoins nécessaires aussi des œuvres récentes d'Arthus-Bertrand et Hulot, dont ce film est un prédécesseur, mais aussi un complément ).
Quand au choix de la docu-fiction, elle permet d'éviter les pièges (à loups, bien sûr) de l'un et de l'autre, comme l'oubli du message qu'on pouvait craindre avec une fiction trop grandiloquente, ou l'endormissement par manque d'"action" d'une majorité de spectateurs (se croyant à tord) peu concernés d'un pur documentaire.
Bref, j'ai aimé, ça m'a touché, et je le range dans mon top 5 des films indispensables pour la prise de conscience de l'avenir de l'humanité avec "Soleil Vert", "Home" et, dans un tout autre genre aussi nécessaire pour la réflexion sur notre confort pourri et destructeur "Un dimanche à Kigali" et "Les Dieux sont tombés sur la tête". C'est dit.