Maggie Cheung est à l'image du film : magnifique. Ce qu'a réalisé Olivier Assayas en 2004 avec "Clean" se nomme du grand art. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'avec un style annonciateur du cinéma de demain, le metteur en scène a su traiter rigoureusement et majestueusement un sujet susceptible par d'autres de s'enfoncer dans le mélo larmoyant et moraliste. Ici, l'émotion n'est pas forcée : légère, elle vient naturellement et alimente régulièrement notre ressenti, lequel deviendra plus fort encore sur le final. L'oeuvre est humaine, par conséquent axée sur ses personnages, touchants, tourmentés, fouillés à la large personnalité mais également nous semblant proches. On rentre littéralement dans le coeur du film, qui malgré sa puissance sait rester très sobre. Propos à la fois courageux et annonciateur d'espoir, nuancé, sans parti pris. A partir de là, le récit acquiert une fluidité incroyable. Accrocheur, jamais racoleur, il retient notre attention de la première à la dernière seconde, bouleversés que nous sommes par ces destins brisés, si tristes, si beaux. Scénario implacable donc refusant toute convention au niveau de sa construction, bian aidé par une mise en scène virtuose. La démonstration de force est technique mais n'abandonne à aucun instant le but du long-métrage : faire vivre une expérience particulière, rêveuse mais aussi ancrée dans une réalité sociale. Là où "Clean" se démarque, c'est concernant sa prise de recul assez édifiante sur tous les points. L'image est sublime, l'utilisation du son remarquable. Et puis surgit Maggie Cheung : sa performance hors norme suscite divers sentiments. On ne peut qu'être sous le charme, envoûtés par ses qualités d'actrices monumentales. A elle seule, elle porterait l'ensemble à bouts de bras. Ici, elle le hisse encore au-dessus de ses ambitons de départ, c'est-à-dire à un très haut niveau.