A première vue, le film de Marion Vernoux nous semble invraisemblable, sans saveur, dénué de tout sens et de raison d'être. Et on aurait tort. En premier lieu, il faut reconnaître que les acteurs ont du talent. Le trio composé par Edouard Baer, Emmanuelle Béart et Atmen Kélif fait mouche. Il faut dire que l'humour fonctionne sur un ressort de base, c'est-à-dire celui de l'alcoolisme. Et parvenir au final à déclencher le rire, bien qu'il ne soit pas abondant, est la preuve d'une audace qui a pourtant réussie. Explicitement, nous suivons pendant prêt d'une heure et demi les aventures délirantes de trois ivrognes, dans un cadre d'hiver où règne la neige et le froid. Globalement, le film tient sur une série de sketches, même si un scénario est tout de même de la partie pour éviter de perturber le public. Dès lors, il ne faut pas s'attendre à une grande et noble dénonciation d'une activité pourtant existante, malheureusement dramatique. Mais c'est justement grâce à l'oeuvre d'art que nous pouvons nous permettre de rire de ce qui ne serait pas possible autrement. Notre condition nous impose indirectement la morale et la teneur. Au contraire, Marion Vernoux nous fait rire, malgré quelques maladresses certaines, mais qui font le charme certain de cette cuite cinématographique. Les situations cherchent l'absurde, elle le trouvent aisément. Les numéros d'acteurs sont hallucinants d'idioties. Entre autre, on pensera au personnage d'Atmen Kélif, dont le nom de Seb Abd Al Abbas, fait déjà sourire; dans cette confrontation de la différence sociale et culturelle évidente dans ce film. Peu importe, il sera ivre alors que la coutume le lui interdit. En outre, Edouard Baer en médecin alcoolique débutant le matin au scotch dans son cabinet nous fait vraiment ricané. Emmanuelle Béart est aussi très inspirée. En bref, le premier degré n'est pas requit pour aller voir A boire. Mieux, c'est son second degré qui gagne sur la réalité. Sympathique.