Vu le 05/05/2020.
Quand j'avais vu ce film il y a une dizaine d'années, j'étais resté très mitigé sur le fond comme sur la forme. J'aime beaucoup les films historiques et épiques comme celui-ci (à l'image de Troie, Alexandre ou d'autres...) mais je n'avais pas vraiment accroché.
Après cette deuxième visualisation, j'en ressors beaucoup plus positif au point de lui mettre un excellent 4.5/5.
Si Orlando Bloom ne m'avait pas convaincu dans "Troie", je le suis beaucoup plus ici. J'aime beaucoup cet acteur depuis la trilogie de Jackson et je pense qu'il tire bien son épingle du jeu dans cette reconstitution de la 3ème Croisade. Au rayon des personnages emblématiques de ce film, on peut noter aussi la présence de Liam Neeson (Godefroy) un peu courte malheureusement, de Jeremy Irons (Tiberias) et du duo pourri Marton Csokas (Lusignan)-Brendan Gleeson (Chatillon). A noter aussi la présence charismatique de Ghassan Massoud en Saladin bien plus bon que dans la réalité. Et puis comment oublier la présence magnétique de la délicieuse Eva Green (Sibylle), cette femme est vraiment belle et elle arrive parfois en un simple rictus à prendre un tout autre air, c'est assez impressionnant.
Bon le film souffre de nombreuses incohérences avec l'Histoire réelle:
- Baudouin IV n'ait jamais mort Roi, puisqu'il avait abdiqué bien avant, quand sa maladie lui à emporté la vue.
- Guy de Lusignan n'était pas le vil seigneur qui y est décrit, il n'a pas été non plus le successeur du Lépreux, c'est le fils de Sibylle (Qui n'est pas censé avoir d'enfants dans le film, ni de mari...) qui à prit le pouvoir sous le nom de Baudouin V (à l'age de cinq ans). C'est après la mort du mari de Sibylle (Marquis de Montferrat) qu'elle prendra pour époux Guy de Lusignan, qui deviendra de ce fait régent du royaume de Jérusalem et Roi quand le Petit meurt juste avant ses sept ans.
- La reine n'a jamais abdiqué en faveur d'un quelconque amant, elle est morte en tant que reine en 1190 avec deux de ses filles. Elle mentionne de plus, à la fin du film le fait qu'elle reste reine de Tripoli (etc.) et d'Ascalon, chose que l'on sait faux puisque pour payer la rançon de son mari (fait prisonnier durant la bataille de Tibériade que l'on voit dans le film), les chrétiens rendront cette place forte aux arabes.
- La bataille de Tibériade semble découler rapidement dans la logique du film, alors que dans la vérité elle aura lieu en 1187, soit 5 ans après l'abdication de Baudouin IV. R.Scott a donc tout simplement supprimé les clivages d'héritages, de régences pour se concentrer sur ce fameux Balian.
- Le côté chevalier idéaliste possédant un code d'honneur quasiment inébranlable, faisant un peut Chevalier de Troy est faux lui aussi en ce qui concerne le vrai chevalier Balian d'Ibelin. Il n'était pas non plus bâtard, encore moins forgeron ni marié à une fille du commun.
- Le patriarche de Jérusalem Heraclius parait faible et sournois alors que dans la réalité, il a participé activement aux défenses et a œuvré pour la paix
A noter aussi que l'aspect "Balian est le seul rescapé du naufrage et trouve comme par hasard un cheval lui aussi rescapé" ternit un peu le film et lui fait perdre la note parfaite.
Pour le reste, rien à dire, c'est une œuvre épique, les discours sont certes un peu convenus et parfois creux mais j'ai aimé l'aspect où le réalisateur respecte les deux camps: les sarrasins auraient pu être vus comme des gens sans pitié et sans coeur, ce n'est pas le cas. De même coté chrétien, on a des hommes de paix (le roi, Tiberias) mais aussi des gens sans foi ni loi (Guy, Renaud) et je trouve ça bien.
La musique magnifique de Harry Gregson-William participe aussi grandement à l'excellence du film