Au début du 20ème siècle, quand on ne peut plus vivre dans les pierres (parce quil y a vraiment trop de pierres en Sicile !), la misère, lignorance et le désespoir empêchent de respirer, on se met à voir des légumes géants, des rivières de lait et des arbres qui donnent des pièces de monnaie
On les voit là-bas, loin au-delà de « la tante nique », de lautre côté de la porte dor
Alors on sembarque vers limpossible, on y porte sa misère qui narrive pas à seffacer et qui reste là à vous humilier dun bout à lautre du grand voyage
Ce film montre juste ce quil faut souffrir pour décider de partir, ce quil faut souffrir pour approcher la porte dor et ce quil faut souffrir pour la franchir
Entre deux seuils, entre deux quais
Peu de plans larges, seulement les visages de personnages attachants, poignants, torturés par des angoisses et des douleurs, huis-clos hyperréalistes au point de devenir parfois surréalistes, entassements désespérés filmés de façon étonnante, au plus près de la crasse, à travers la brume et la sueur
Une extraordinaire scène danthologie : la foule dense, vue de dessus, qui se scinde en deux lentement quand le bateau séloigne du quai
on ne voit que des gens qui se pressent, un trait deau qui sélargit peu à peu, séparant la misère qui part de la misère qui reste
un grand moment de cinéma
Cent ans plus tard, la porte dor nest plus au même endroit mais cest toujours la misère qui cherche à la pousser
et nous, on sarcboute derrière, on trie, on continue lhistoire
« Vous prenez-vous pour Dieu pour décider si on est assez bien pour votre nouveau monde ? » demande Salvatore