L'histoire du Roi Léo voit le jour au Japon en 1951 dans le magazine Manga Shônen, et connaît très vite un immense succès. En 1965, une série télévisée de 52 épisodes de 23 minutes est lancée, et sera plus tard diffusée dans le monde entier. C'est la première série TV d'animation japonaise en couleur. Le réalisateur du film, Yoshio Takeuchi, raconte que beaucoup de professionnels de la bande-dessinée japonaise se sont proposés pour participer à son adaptation sur grand écran. Certainement en l'honneur du père des mangas, Osamu Tezuka, créateur du Roi Léo.
Lors de la sortie du Roi Lion de Disney en 1994, une violente polémique s'engagea pour déterminer à quel point les studios Disney s'étaient inspirés du manga d'Osamu Tezuka, créé bien avant la sortie de ce film. Walt Disney lui-même avait d'ailleurs déclaré être un grand admirateur du travail de Tezuka... Quelques années plus tard, le studio aux grandes oreilles tenta de racheter les droits du Roi Léo, en vain. On sait également que la série japonaise eut dans les années 60 et 70 aux USA un impact comparable à celui de Goldorak en France (le show fut renommé : Kimba the White lion, le héros du long métrage de Disney s'appelle Simba)... La politique de Disney fut de nier en bloc toute influence. Quant à la société de production qui gère les droits de la plupart des oeuvres d'Osamu Tezuka, elle ne porta pas plainte devant les tribunaux internationaux. En effet, Osamu Tezuka ayant été toute sa vie un grand fan des oeuvres de Walt Disney, ses héritiers jugèrent que leur père aurait été extrêmement flatté que le mythique studio américain décide de s'inspirer de l'une de ses oeuvres pour mettre en scène un film aussi révolutionnaire que Le Roi Lion .
Dans chacune de ses oeuvres, Osamu Tezuka traite des problèmes de société, mais toujours en se mettant à la portée des enfants. Pour être juste, le mangaka se sent obligé d'être pessimiste. Il explique, à propos du Roi Léo : "Ce parti pris n'a pas du tout dérangé les enfants. Au contraire, ils sont très rapidement conscient des injustices sociales et naturelles. Le danger c'est d'essayer de leur faire oublier cette réalité de manière artificielle." Le film de Yoshio Takeuchi essaie d'adapter fidèlement l'oeuvre de Tezuka, malgré l'impossibilité de retranscrire toute la complexité d'une bande dessinée de 600 pages. Notons d'ailleurs que la série télévisée comporte des morceaux de comédie musicale qui n'ont pas été réutilisés dans le film.
"Le message de Tezuka n'était évidemment pas de dire que rien ne change mais, au contraire, qu'il faudra toujours des êtres humains ou animaux, pour poursuivre les rêves de ses prédécesseurs et pour continuer à construire l'avenir. C'est cela que symbolisent les trois générations de lions se succédant dans le manga. ", explique Yoshihiro Shimizu, l'ancien directeur de Tezuka Productions. "L'important est d'avoir tenté d'améliorer, ne serait-ce qu'un peu, le monde au cours de son passage sur Terre. "
En 1966, un premier film adapté de la série Le Roi Léo fut réalisé par Osamu Tezuka lui-même. "Dans une série télévisée, on est obligé de conserver un ton léger, de manière à amuser tous les publics", analysait Osamu Tezuka. "Mais, grâce à un film, comme dans une bande-déssinée, on peut augmenter ses ambitions narratives. C'est cela qui m'a rendu le plus heureux lors de la production du long métrage. Je pense aussi que c'est pour cette raison qu'il fut sélectionné au festival de Venise et qu'il remporta le Lion d'Argent."
Un des signes distinctifs des mangas sont les gros yeux de leurs personnages. Ce qui est intriguant, car les yeux des japonais sont en général plutôt fins. On peut alors se demander d'où vient cette fantaisie dans leurs dessins ? D'Osamu Tezuka bien-sûr ! En réalité, il les avait empruntés à Disney pour rendre ses héros plus expressifs. Au final : tout le monde s'inspire de tout le monde...