RoGoPaG est un projet qui sur le papier est orgasmique, des plus excitants pour les cinéphiles digne de ce nom. En effet, Godard, Pasolini, Rosselini (et Gregoretti, mais celui là je ne le connais pas, honte à moi) réuni dans un seul film, mais pire encore, Orson Welles vient jouer chez Pasolini… Mais qui n'a pas rêvé de ça ?
Forcément on ne peut attendre qu'énormément d'un tel projet, surtout que le thème de ce film est "la manière dont le monde moderne conditionne l'homme".
En sortant d'un film je pense qu'on ne peut que être déçu, Godard doit parler d'ère atomique, Pasolini de la réalisation d'un film sur la Passion du Christ (ce qui fait forcément penser à l'évangile selon saint Matthieu), impossible de se dire qu'on ne va pas en attendre énormément.
Et je dois avouer que je sors du film plus perplexe que je ne l'ai jamais été, le film est visuellement magnifique, d'un noir et blanc sublime (Pasolini utilise aussi un peu de couleur et s'en est pas moins beau), et pourtant il y a 4 directeurs photos différents. Mais derrière cette beauté, si j'ai beaucoup aimé les quatre segments, j'ai rien compris à celui de Rosselini et à celui de Godard, enfin j'ai rien compris, c'est vite dit, disons que je ne vois pas le rapport avec le sujet, de plus les deux segments se coupent brutalement, je pense que ça appelait à plus, du coup c'est assez perturbant. Le Godard semble horriblement court, mais très étouffant, cette absence totale de bruitages, rend le film sourd. Après je ne l'ai pas trouvé très Godardien (en même temps le film date de 1963, je ne devais pas m'attendre à du Godard post Pierrot le Fou) dans sa folie la plus pure, c'est très soft, très beau, assez austère aussi bizarrement, alors bien sûr Godard s'amuse avec les mots, dans Piscine, il y a Cine, ou bien quelques réflexions qui lui sont propres, mais ce calme pour du Godard m'a désappointé, surpris, je ne sais même pas que penser avec exactitude du film. Et puis on ne sait jamais (et ça vaut pour les quatre films) si il faut rire ou non, bon chez Pasolini c'est plus évident, mais chez Rosselini, j'avoue ne pas savoir si on doit rire de la situation ou non. En tous cas si j'ai bien aimé les deux premiers segments ils m'ont vraiment surpris.
Après je retrouve un Pasolini que j'aime, politique, plus que jamais, d'ailleurs il met un avertissement au début de son segment, pour parer une éventuelle critique ? j'en sais rien, mais en tous cas le Pasolini est celui qui m'a le plus enchanté, brillant, filmant Orson Welles baleinesque, totalement amorphe sur son siège de réalisateur, mais Pasolini fait mieux que ça, il transpose ses idéaux, ses réponses dans la bouche de Welles, c'est juste génial. Et puis ce segment dit vraiment des choses par métaphore sur la société de consommation, le monde moderne, ce que je n'ai pas vu dans les deux premiers segments (soit par inadvertance ou bien parce que ça n'y était pas).
Le dernier segment m'a bien plu aussi, ça m'a fait penser un peu à du Pasolini dans les thèmes, et puis il y a toujours cette photographie splendide, surtout sur la fin, elle est très sombre, faisant ressortir le visage des acteurs. Et là la dimension politique en rapport avec le thème je l'ai saisie.
Après je pense qu'il faudra que je revoie le film surtout pour les deux premiers segments, mais globalement je me suis régalé, un peu moins que ce que j'avais espéré en voyant les grands noms cité sur la jaquette, mais ça reste un bon film.