"Ong Bak", c'est un peu l'un de ses cocktails qu'on vous présente savoureux, unique, dont le goût s'éteint trés vite dans votre bouche en ne lassant qu'une sensation pâteuse désagréable. Mais "Ong Bak", c'est surtout un montage de séquences toutes plus ridicules les unes que les autres qui vont s'entre-croiser pour former un film d'une rare bêtise. Scénaristiquement, on savait qu'on aurait rien de constructif et que la place serait faite essentiellement aux pures scénes de combat. Sauf que voilà, ces scénes de combat arrivent là où elles semblent le plus improbables, brisant au fur et à mesure le peu de cohérence de l'oeuvre et, surtout, faisant passer le personnage principal d'un homme dévoué à son art, à celui de machine à tuer, sans aucune transition. C'est mauvais, trés mauvais. La musique hésite entre des sonorités pop, electro voir même jazzy, et jamais ça ne fait mouche. Les acteurs, compte tenu de la pauvreté de l'écriture, n'ont aucune ampleur. Aucune émotion ne vient subjuguer le spectateur, aucun rebondissement nous interpelle. Au niveau de la réalisation, Prachya Pinkaew fait aucun effort. Déjà bien entaché par son esthetisme deplorable (décors affreux, photographie à la ramasse), la mise en scéne dessert admirablement toutes les incoherences sur un plateau et les mets bien en premier plan, histoire qu'on s'en rende bien compte. Le principal intérêt, donc ? La baston ? Oui mais...filmées comme des publicités pour gel, fixation extreme, ces fâmeuses séquences où l'on aurait dû prendre un plaisir évident n'impressionnent jamais. Certes, lorsque Tony Jaa fracasse le crâne d'un autre avec son coude, le coup est captivant, mais au delà de ça, c'est tellement prétentieux et arrogant qu'on s'en moque. Faut dire qu'on nous remontre les meilleures choregraphies dans des ralentis, à chaque fois. Clipesque, "Ong Bak" s'oriente au fil de l'oeuvre vers quelque chose de plus sanguinaire et vengeresque, là où le départ laissait supposer une simple quête. On se doutait qu'il y aurait de l'action, mais à bon escient. Là, c'est nullissime. Pour résumer : mal filmé, décors/acteurs/scénario en carton, musique hors sujet, et dénouement dispensable. Il ne suffit pas d'être souple pour conquérir les amateurs de castagne ! Il faut aussi être quelque peu rationnel et intelligent ! Ba pour "Ong Bak", on repassera.