Le réalisateur de "American Pie" tente de d'accéder à une certaine forme d'intégrité artistique en mettant en scène "Grandma" ? Bien tenté, mais on repassera.
Car soyons clair tout de suite, le long-métrage a tout les points du petit film indépendant profondément exécrable.
Et pourtant j'avais toute l'envie du monde d'être bienveillant envers "Grandma", ne serait-ce que pour sa structure de simili road-movie, un genre qui, même lorsqu'il est assez peu maitrisé, parviens à maintenir mon attention, mais aussi pour le récit : celui d'une grand-mère aidant sa petite fille à trouver les fonds nécessaire pour avorter, le tout en gérant ses propres problèmes affectifs.
Tout était là, mais malheureusement Paul Weitz semble trop attaché à se complaire dans sa parodie de film Sundance, passant par ce visuel clinquant, ces personnages vides, ces riffs de guitare agaçants, mais aussi et surtout par une écriture catastrophique.
Tout est faux dans ce long-métrage, à commencer par les personnages, sortes de figures qui n'évoluent jamais au delà de ce qui les définit.
Et si cette remarque vaut pour les personnages principaux, c'est aussi le cas des secondaires.
À commencer par les hommes, dont la représentation antagonique aurait pu se limiter à l'ancien amour, car là cette volonté est pertinente, mais non, le manichéisme est poussé jusqu'au chauffeur de taxi qui abandonne Elle Reid (incroyable Lily Tomlin) et au père de Olivia, la femme qu'elle aime.
Ce raisonnement est aussi valable pour les personnages s'opposant à l'avortement de Sage (insupportable Julia Garner) tous plus violents et dégoutés les uns que les autres, avec une mention spécial pour la fillette allant jusqu'à frapper la grand-mère.
C'est donc dans ce perpétuel climat de "factice", à la représentation clichée et agaçante, que nait, sans crier gare, des moments éparses de beau, à l'image de ce champs contre-champs entre trois générations de mères qui interagissent et se répondent entre-elles, c'est là que Paul Weitz, dont c'est la seul idée de mise en scène du film, aurait dû concentrer ses efforts : le discours générationnel de son trio féminin et non la critique sociétal vulgaire et dénuée de réflexion.
Ce portrait de femmes aurait mérité d'être plus épuré, afin de ce concentrer sur l'essentiel pour contourner cet aspect vindicatif et étriqué qui rend toute émotion impossible.
Toutefois l'interprétation remarquable et une poignée de scènes empêchent partiellement "Grandma" de devenir antipathique.