Chiller de Wes Craven avait été une énorme déception pour moi ! Shocker, film que j’avais déjà vu il y a longtemps m’avait laissé un souvenir déjà plus notable, et le revoir m’a confirmé que c’est une honorable série B à la fois horrifique et comique, car il y a beaucoup d’humour noir dans ce métrage.
L’histoire est en effet assez déjantée, et sera reprise d’ailleurs dans un style plus réaliste par Grégory Hoblit. Un tueur se réincarne donc éternellement traqué et traquant un gamin dont la famille a été tuée par lui. Le film bénéficie d’un rythme solide, c’est alerte, nerveux, et il y a plein de passages franchement sympa, notamment celui des réincarnations qui se succèdent à un rythme effréné du tueur. D'un postulat assez sérieux qui nous offre quelques scènes très violentes et qui nous montre un tueur impitoyable, Shocker verse petit à petit dans de l’humour très noir dès lors que le tueur apparait, et dans la folie furieuse sur la fin, une fin d’ailleurs un peu décevante. Ca vire au grand délire, et c’est assez déconnecté du reste, on dirait un craquage de Craven qui a voulu se faire plaisir tout seul sans se soucier franchement de l’intelligence ou de la cohérence de son propos ! Ce dernier quart d’heure burlesque est le point faible du film, qui néanmoins, pendant1 heure 20 environ reste un film plaisant à suivre, généreux, qui rappelle le bon cinéma de Craven, lequel avait bien besoin de se rattraper après une succession de films médiocres.
Le casting est emmené par le sympathique Peter Berg, dont il ne faut pas oublier qu’il a en effet commencé comme acteur ! Plutôt bon, sobre et convaincant malgré un personnage qui aurait facilement pu perdre en crédibilité, Face à lui Mitch Pileggi est un tueur cabotin mais impressionnant, parvenant vraiment à traduire la folie furieuse de son personnage. Ces derniers sont entourés de seconds rôles de qualité, avec un Michael Murphy qui hérite d’un rôle pas simple car il reste assez typique du genre, mais qu’il parvient à rendre plus subtil qu’attendu. De bons interprètes donc, et un résultat qui convainc, ce qui n’était pas gagné sur le papier ! A noter la présence anecdotique mais toujours amusante de Ted Raimi, ce qui, en général, annonce plutôt la couleur second degré du film !
Pour le reste Craven impose à son film un gros rythme, avec une mise en scène volontiers tapageuse comme le prouve le final, une musique hard rock présente et franchement sympathique dès le début, des effets horrifiques pas très nombreux mais bien violents et presque baroquisants comme le prouve une scène de meurtre très réussie, tout cela avec une ambiance qui se veut sombre et austère, avec une photographie sombre de laquelle émergent les écrans de télé et des décors restreint et un peu poisseux, très ancrés dans les années 80. Reste le final doté de scènes oniriques plus travaillées mais justement un peu décalées aussi.
Au final Shocker est un moment de cinéma bien divertissant et violent, et si ma note est moins enthousiaste qu’elle aurait pu l’être c’est avant tout à cause du dernier quart d’heure foutraque qui n’est pas une conclusion satisfaisante. Reste que Craven se refait une santé avec ce film après une succession de bandes médiocres indignes de lui. 3.