A l'image du jeu de danse / rythme qui est devenu en quelques années une alternative sérieuse au jeu de baston lorsque le one to one s'imposait, le film de danse est en passe de devenir, lui aussi, une option non moins sérieuse au film d'action ou d'arts martiaux. Vous vous rappelez des American Girls ? Les mâles remplacent les girls, la rue remplace le lycée, et le Hip Hop remplace le Pop Rock, bien évidemment. « Et les danses sont garanties sans trucage », pourra vous dire Christopher B. Stock, le réalisateur, dont c'est la première apparition sur une affiche. Donc pas foncièrement aguichant, mais ne vendons pas la casquette avant de l'avoir brodé. You Got Served ?
Après une série de brillantes victoires de Battle de danse hip-hop, l'équipe de Elgin et David sont défiés par Wade et sa bande, un autre groupe plutôt compétent et qui ne manquera pas de le prouver. Les deux potes y perdent 5.000 dollars, sur leur propre terrain. Et pour couronner le tout, Elgin se fait tabasser et dérober un bon paquet de pognon, propriété d'une vraie teigne qu'il vaut mieux ne pas chauffer. Le Big Bounce, une grande compétition de danse hip-hop, et ses 50.000 dollars ont l'air, à ce moment -là, de tomber du ciel...
Enfonçons directement toutes les portes ouvertes et entr'ouvertes, histoire que l'on garde plus de place pour ce qui fait vraiment l'intérêt du film. Alors : 1° le scénario est susceptible de provoquer des nausées (les deux potes qui se font la tête, l'histoire de thunes, et les petites histoires annexes) 2° les dialogues ont de quoi provoquer un cancer des oreilles même chez les sourds (sans commentaires) 3° le montage en dehors des phases de danse me fait penser au boulot d'un stagiaire s'étant trompé de boîte (des fondus au noir toutes les 5 minutes, super-moche). C'est pas une plaie d'Egypte mais on en est certainement pas loin, et je n'ose imaginer que qu'aurait donné une comédie sentimentale avec le même scénariste/réalisateur.
Mais, et je change de paragraphe pour bien marquer le « mais », il s'agit d'un film de danse. Et un film de danse, c'est un peu comme un film d'arts mariaux : le scénario et les personnages sont généralement peu approfondis, mais nom d'un Jackie Chan, « qu'est ce qu'ils sont balèzes ! ». Je m'émerveillait des performances du Tony Jaa de Ong Bak il n'y a pas si longtemps, mais que vais-je bien pouvoir dire maintenant ? Je suis impressionné. Très impressionné de ce que ces types sont capables, aussi bien physiquement qu'artistiquement. Une battle met en scène deux groupes qui s'inter-actionnent un peu, se chorégraphient beaucoup, et ne manquent pas de faire leur one man show dès qu'une occaz' se présente. Je revois encore le groupe des héros se taper une séquence en slow motion, filmé pourtant en temps réel, du très grand art. Un autre slide sur la tête, et un autre marche à une main, et un autre se boudine comme du caoutchouc, et un autre... Des prouesses physiques vraiment incroyables, justifiant réellement cette volonté d'en faire un film.
Street Dancers est un peu comme une mandarine : une fois la peau enlevée, le contenu est pas mauvais. La carapace est certes un peu plus épaisse que d'habitude, puisqu'il s'agit d'enlever psychologie, scénario, répliques, et originalité. Mais le fruit vaut son prix : des scènes de danse particulièrement réussies et une démonstration technique à faire pâlir les grands noms des arts martiaux. Ca ne fait pas tout, mais c'est déjà ça.