La saga Silent Hill, c'est quand même le haut du panier en terme d'expérience vidéoludique, ce n'est donc pas étonnant qu'une adaptation cinématographique ait rapidement été mise en chantier. Cette catégorie de films n'étant pas réputée pour sa qualité, l'idée pouvait faire peur. Mais la présence d'un réalisateur qui sait ce qu'il fait tire le projet vers le haut, pour un résultat inégal mais pas inintéressant. Le constat s'impose assez rapidement : Christophe Gans a compris ce qu'était Silent Hill. L’ensemble respire l'envie de faire plaisir, que ce soit grâce à la réutilisation des musiques d'Akira Yamaoka ou la reprise de différents plans issus des jeux. Pourtant, le film ne tombe pas dans le fan service stupide puisque le réalisateur impose sa propre vision des choses et arrive, grâce à des plans suggérant un point de vue autre, à créer un malaise. Bien qu'au final la peur ne soit pas présente, le long-métrage est parcouru par une ambiance particulière, et ce dès l'introduction. L'arrivée dans la ville est une lente plongée dans un cauchemar, aidée par de très beaux décors. Les images fourmillent d'éléments de plus en plus macabres, allant du simple journal qui virevolte au gré du vent au sac mortuaire abandonné dans un lieu incongru. Les nombreux travellings et le cadre extrêmement large participent à l'appréciation de ces détails tout en faisant ressentir la vaste étendue des rues vides. Quant aux environnements rouillés, ils ont un aspect poisseux et brut presque palpable. Le choix de limiter les effets spéciaux a payé, les décors réels sont vraiment magnifiques. En ce qui concerne l'histoire, le film propose une réécriture des événements du premier jeu tout en conservant les grandes lignes. De cette manière, le long-métrage se réserve quelques surprises. De plus, il introduit plusieurs petits détails absents de l’œuvre originale (la neige, les transitions entre les deux mondes). Malheureusement, la narration connaît quelques heurts. La progression de l'héroïne reste très linéaire, en plus d'être ponctuée de deux Deus ex machina vraiment faciles. Le récit est également entrecoupé de scènes où l'on voit le père de famille en dehors de la ville faire des recherches, qui n'ont finalement aucune autre utilité que de casser l'immersion. On peut également noter que le film livre au spectateur toutes les clés de l'intrigue à travers une séquence explicative à la lourdeur regrettable (bien que formellement, elle soit réussie). L'écriture pêche également au niveau des personnages, qui ne sont pas toujours très cohérents avec eux-mêmes. J'ai par exemple du mal à comprendre les raisons qui poussent Rose à mettre son enfant en danger en refusant un simple contrôle de police. Ces bizarreries gênent visiblement les acteurs, qui ne semblent pas toujours à l'aise avec leur rôle. Par conséquent, le déroulement de certaines scènes parait parfois bien un peu artificiel, surtout lorsque les événements flirtent avec le grand guignolesque (comme le climax). Silent Hill oscille donc maladroitement entre le bon et le moins bon, et les choix des producteurs n'ont pas aidé. Pourtant, Christophe Gans s'applique tellement à satisfaire les fans tout en faisant du vrai cinéma que je ne peux m'empêcher d'aimer ce film.