Une adaptation sympathique. Christophe Gans est un réalisateur français assez atypique repéré grâce au Pacte des Loups, véritable carton en France qui lui ouvre les portes du cinéma fantastico-horrifique. C'est dans ce contexte de "gloire" qu'il propose à Konami d'adapter la saga culte Silent Hill sur grand écran. D'abord réticente, la boite décide de lui donner le feu-vert après avoir été convaincu de la vision qu'il comptait offrir à son adaptation.
Souvent comparée à la franchise Resident Evil (alors qu'elles n'ont pas grand chose en commun mis à part être des sagas horrifiques japonaises), Silent Hill est un ensemble de jeu qui se permet d'explorer des pans assez inexploités du jeu horrifique. La folie, les mondes parallèles, les sectes, le malsain ou encore l'angoisse. Autant de thèmes qui pouvaient laisser prétendre à une adaptation sombre et glauque à souhait, ce qui n'est pas forcément le cas. Terriblement classique dans la narration, le film n'offre pas une histoire particulièrement intéressante ni même passionnante. On est prisonnier du jeu car on suit les personnages avancer, trouver des objets qui lui indiquent où se rendre, les lieux visités sont des niveaux... Se déroulant sur plusieurs tableaux distincts (passé, présent, présent obscur et présent apocalyptique), seul le tableau apocalyptique des enfers parvient à convaincre par son dynamisme. Globalement, l'intrigue du premier jeu sert de base à l'intrigue du film, même si des personnages et lieux changent. Travaillé en collaboration avec Akira Yamaoka (créateur du jeu), la fidélité du film à l’œuvre originale dépasse l'entendement. Les personnages semblent être issus du jeu tellement ils ont de points communs (attitudes, vêtements, caractères...). Il en va de même pour les nombreuses créatures rencontrées dans le film (les infirmières, Pyramid Head...) qui rendent un superbe hommage aux jeux. En clair, Silent Hill est une superbe adaptation pour l'atmosphère et l'univers, mais pas un film si passionnant que ça à cause d'une narration plate voire ennuyante.
Le casting du film propose un casting étoffé et bien utilisé. La ravissante Radha Mitchell (Man On Fire, Neverland) apporte un semblant d'humanité et de douceur au personnage de la mère qui ne recherche que le bien-être de son enfant. Douce, innocente et engagée, elle livre une excellente prestation. Laurie Holden (The Walking Dead) est, elle aussi, très engagée dans son personnage. Touchante, elle permet aux personnages d'avancer, et cela au péril de sa vie. Jodelle Ferland campe non pas un, mais trois rôles dans le film. Habile dans le rôle de la petite fille innocente, mais aussi terrifiante dans sa version démoniaque, elle arrive à jouer sur plusieurs tableaux avec une telle facilité. Petit bémol pour Sean Bean (Seigneur des Anneaux, GoldenEye) qui, même s'il n'y a rien à dire du côté de son jeu d'acteur, campe un personnage peu intéressant qui n'ajoute pas grand chose à l'histoire.
La réalisation est assurément un très gros plus, si ce n'est l'un des principaux points positif du film. L'atmosphère est pesante, offrant des séquences sombres et gores criantes de réalisme. Littéralement étouffant, le film rend un hommage considérable aux jeux-vidéos, notamment grâce aux décors et à l'ambiance sonore. Nous retrouvons des lieux iconiques des jeux, en particulier le monde des enfers qui propose un rendu sublime. La bande-son de Jeff Dana rend, elle aussi, un sérieux hommages aux musiques des jeux. Lourdes quand il le faut, et usant du piano pour les moments doux et poétique, le film embarque une composition exemplaire.
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Les : une atmosphère pesante et malsaine qui rend un bel hommage aux jeux, une histoire qui se déroule sur plusieurs tableaux, des acteurs crédibles dans leurs rôles, une bande-son et une réalisation excellente !
Les - : mais une histoire un brin décevante, un côté jeu-vidéo trop présent (on avance, tableau après tableau, trouvant des indices...
Silent Hill est assurément une des meilleures adaptations d'un jeu vidéo au cinéma jusqu'à ce jour. L'atmosphère pesante et si particulière des jeux est ici restituée à la perfection. Jouant la carte d'une histoire se déroulant sur quatre actes (passé, trois versions du présent dont une "démoniaque" absolument incroyable), le film embarque une ambiance atypique et pure. Même si l'histoire n'est pas aussi passionnante que ça et rame par son manque d'originalité, on ne peut que saluer le travail des chefs décorateurs pour avoir respecter l'univers avec autant de détails. Un fan-film intéressant qui occupe et propose une vision atypique du film d'épouvante-horreur, sans pour autant renouveler le genre.