En pleine force créatrice ("Seuls les anges ont des ailes", "His Girl Friday", avant "The Big Sleep"), Howard Hawks consacre un nouveau film à l'aviation. "Air Force" s'inscrit dans un cadre historique, malicieusement évoqué. 9 bombardiers décollent vers Hawaii le... 6 décembre 1941, 24h avant l'attaque de Pearl Harbor, qu'ils apprennent alors qu'ils sont en vue de Maui. Les scènes les plus réussies sont définitivement celles qui se déroulent à l'intérieur des avions, d'une tension et d'une subtilité évidentes. Evoluant dans un univers fini et confiné, les personnages se révèlent attachants, complexes et torturés, à l'exception du capitaine du Mary Ann, "Irish" Quincannon, pourtant de premier plan, dont l'incarnation hasardeuse par John Ridgely handicape sérieusement le rythme du film. Les différentes périodes de repos des aviateurs sont également moins intéressantes, et deviennent même frustrantes ; elles auraient pu être des soupapes de décompression pour les hommes, mais sont plutôt des scènes superflues soulignant la barbarie japonaise. Hawks semble les signer à reculons, et ne parvient à sortir des clichés que lors d'une séquence admirable, où la vengeance du meurtre d'un des aviateurs renvoient Winocki (bon John Garfield) devant sa propre sauvagerie. Des moments comme ceux-ci, le film en possède assez pour que la projection demeure agréable, et Hawks, comme à son habitude, évite la sensiblerie.