En 2005, Roman Polanski livre une adaptation du célèbre roman de Charles Dickens, également auteur de "David Copperfield", "Les grandes espérances". "Oliver Twist", qui paraît en série dès 1837, se termine deux ans après. Dickens, de part sa renommée grandissante, est, depuis lors, considéré comme le plus grand écrivain de l'ère victorienne.
Après un rapide survol du romancier, voici le scénario de la version Polanski. Angleterre rurale des années 1930. Parce qu'orphelin, Oliver Twist ne fait que subir les mauvais traitements des personnes chez qui il est placé. Poussé à bout, il s'enfuit pour rejoindre Londres. Récupéré par une bande de jeunes voleurs, le garçon est présenté au chef, le vieux Fagin, qui décide de le prendre sous son aile. Mais il se retrouve arrêté pour un larcin qu'il n'a pas commis... .
En tant que bon raconteur d'histoires, le réalisateur de "Frantic" ne déroge pas à la règle, nous conte un récit formidablement bien écrit et se dote ainsi d'une écriture filmique fortement agréable. Merci Ronald Harwood ! Il est primé pour son travail sur "Le pianiste" et "Le scaphandre et le papillon" !!
Le metteur en scène de "Tess" et "Rosemary's baby" s'empare également de l'atmosphère que Dickens a décrit dans son roman et fait du métrage une leçon d'esthétisme à part entière. Décors d'Allan Starski (reproduisant une capitale anglaise conforme), costumes d'époque d'Anna Sheppard (l'échappée de "Inglorious basterds"), musique radieuse de Rachel Portman, photographie et lumières de Pawel Edelman sont retranscrites de manière à pouvoir suivre les aventures d'Oliver au plus près.
Fort de son équipe (Harwood, Portman, Edelman), Polanski aborde le sujet avec conviction. D'un bout à l'autre du film et en présence de deux génériques à la plastique parfaite (des images champêtres ressemblant à un dessin élaboré de BD) en passant par des ruelles ombrageuses et peu recommandables, on sent le metteur en scène multi-récompensé concerné et concentré.
Les personnages, également, apportent toute la consistance nécessaire. Oliver Twist est ici interprété par Barney Clark (dont c'est sa seule incursion cinématographique reconnue !) qui insuffle une fraîcheur intense au métrage. Une prestance incroyable et un jeu stupéfiant pour seulement 12 ans. Magique ! Dans le rôle de Fagin, l'éducateur des jeunes bandits, on retrouve un extraordinaire Ben Kingsley ("Gandhi", "Shutter island"...mais pas que !) pour un excellent second rôle taillé à sa (dé-)mesure. Sublime ! Seul Edward Hardwicke (le Dr Watson dans la série "Sherlock Holmes" des 80's), incarnant l'adulte bienveillant envers Oliver, avec sa classe à l'anglaise et sa dernière composition, arrive à la hauteur d'interprétation du duo Clark-Kingsley.
Pour conclure, "Oliver Twist" possède bien cette classe à l'anglaise (Polanski et son équipe, Kingsley...) sans pour autant offrir un drame épique sensible et charmeur. Dénué de personnalité, il en résultait un bon divertissement. Dommage... Monsieur le pianiste.
2 étoiles sur 4.
Dandys ou bandits, une mélodie ...peut en cacher une autre !