Bon, soyons franc, ce film n’est pas antipathique, mais il ne présente pas vraiment d’intérêt. A l’image de beaucoup de films choraux (ce que ce métrage est car aux noms les plus connus aujourd’hui s’ajoutent beaucoup de noms d’acteurs, surtout de comiques bien connus à l’époque), on se retrouve plus devant une succession de numéros d’acteurs que devant un film.
Il n’y a pas franchement d’histoire. Il y a une succession de sketchs dans un univers militaire, plus ou moins heureux, qui se succèdent pendant 1 heure 25 environ, et ça se termine comme ça a débuté, c’est-à-dire sans véritablement de scénario. Alors ok on ne s’ennuie pas vraiment, mais le rythme ultra-découpé, le manque d’enjeux, l’humour qui reste peu subtil et assez rébarbatif, tout cela rend le film peu digeste sur la longueur. Il semble que Tourneur avait déjà adapté le livre de Courteline en court-métrage par le passé, je crois que c’était un format plus judicieux.
Le casting est évidemment prestigieux, et aujourd’hui on retient surtout le trio Fernandel-Raimu-Jean Gabin. En fait seul le seconde des trois est franchement en tête d’affiche, Jean Gabin étant dans ses débuts et héritant d’un second rôle sans grand relief, Fernandel assurant quelques gags mais sans plus. Il faut dire qu’il y a beaucoup d’acteurs et de personnages, peu on vraiment une place notable, si ce n’est Raimu qui truste l’affaire, et dont on sent en fait que c’est la grosse star du film. Très bon, il apporte un plus dans de nombreuses scènes, et la dernière partie qui lui voit bien plus présent est un cran très net au-dessus du reste du film. Il livre aussi un très bon monologue !
Sur la forme pas énormément de chose à signaler. Une photographie noir et blanc qui n’a pas de spécificité particulière, une bande son très martiale qui pourra vite agacer par sa présence intempestive, une réalisation sans grand relief de Tourneur qui ne se force pas outre mesure, le métrage pourra éventuellement plaire par son atmosphère pas trop mal restituée d’armée de la fin du XIXe siècle, mais enfin, rien de très signifiant.
Les Gaietés de l’escadron est peut-être un métrage qui souffre de se passer dans une atmosphère et un contexte qui parle peu aujourd’hui, et ce qui ne facilite pas forcément l’efficacité de l’humour parfois. Néanmoins, objectivement, le film est faible, souffrant, comme je l’ai dit, de sa construction pas du tout adaptée au format long, et de son casting, pléthorique, ou chacun doit venir faire son petit numéro, au détriment malheureusement de l’histoire et de la fluidité du film. 1.5