Avis sur Tourments

Un très bon film. On jurerait qu'il s'agit de Ingmar Bergman derrière la caméra tant la mise en scène est proche de ses visages. Rapports tumultueux entre un élève et son professeur tyrannique : le pitch de Tourments est donc facilement résumable. Ce qui importe, c'est le traitement : les jeux d'ombres impressionnants, la fluidité des mouvements de caméra, l'interprétation subtile des acteurs... Sans être un chef d'oeuvre absolu, Tourments se défend pleinement. Bien qu'un peu manichéen et moins nuancé que d'autres films écrits par Bergman, ce long métrage possède donc la touche du maître du cinéma intimiste : science du cadre et richesse psychologique sont deux de ses qualités majeures. La scène de l'examen reste exceptionnelle de maîtrise ( nous sommes au milieu des années 40 au moment où Tourments sort sur les écrans ). Bref, une intrigue somme toute assez basique traitée avec une infinie précision. A voir absolument en version originale, pour peu que l'on ait envie de passer un bon moment...

Caligula, pas l'empereur romain cinglé qui voulait nommer son cheval consul mais l'antagoniste de ce film, est certainement, après le personnage joué par J.K. Simmons dans "Whiplash", le professeur au cinéma qu'on aimerait le plus ne surtout pas avoir en tant qu'élève. Et non content d'être un sadique avec ses élèves, il aime bien aussi détruire psychologiquement les jeunes filles pendant son temps libre... Et même quand il sort de son rôle de monstre au sourire sardonique et qu'il montre le bouffon fragile qui peine à assumer sa nature diabolique, on le déteste. Une figure de méchant inoubliable qui est brillamment incarnée par Stig Järrel.
La réalisation d'Alf Sjöberg, qui donnera sept ans plus tard l'intense et magnifique "Mademoiselle Julie", prend à raison son temps pour distiller, à partir d'un scénario écrit par un certain Ingrid Bergman, une atmosphère anxiogène pour que finalement la dernière demi-heure soit particulièrement puissante. On n'oubliera pas non plus le regard terrifié et épuisé de la superbe Mai Zetterling, superbement capté par la caméra.
Un drame psychologique étouffant avec un méchant vraiment mémorable qui compte sans conteste parmi les plus grandes réussites du cinéma du pays de Strindberg.

Excellent film suédois en noir et blanc écris par Bergman et qui une fois de plus, montre que ce genre de film, c'est-à-dire, les "vieux films", sont beaucoup mieux et beaucoup plus interessant que la plupart des nouveautés actuelles qui ne propose plus rien dans la cinématographie... Et pour ça: Vive les vieux films en noir et blanc!

L'histore est racontée avec beaucoup de réalisme, on ressent l'angoisse de l'élève et cette impression d'être seul et incompris. La tension du film se construit petit à petit, il n'y a pas vraiment de temps mort, chaque moment aide à progresser dans l'histoire et à faire progresser le personnage principal.

Il y a un gros travail de lumières soit pour donner une ambiance intime et sombre soit pour décupler les ombres sur les murs.
Les plans sont travaillés et l'architecture notamment de l'école est utilisée à fond.

Les acteurs sont d'un naturel très agréable, la fille m'a tout de suite fait penser à Emily Blunt, cette bouche et ces petites moues, c'est fou comme elle m'y a fait penser. Et le garçon est tout mignon et ses transformations entre bon élève à élève traumatisé puis paria et enfin homme libéré sont très intéressantes.

Un excellent film.

Un film suèdois de Alf Sjoberg sur une relation ambigue et complexe entre 2 personnages "aimant" la même femme,on peut noter que chacun des personnages est trés finement étudié (le sénario est d'Igmar Bergman).Le professeur sadique et mystérieux nous laisse sur le doute: est-il devenu sadique par manque d'amour ou est-il le diable en personne? Aucune interprétation et aucun jugement ne sont donnés par le réalisateur qui arrive même à nous faire éprouver de la pitié lorsque le professeur nous donne des explications sur l'état de sa personne. Ce film reste donc ouvert par rapport à l'interprétation que nous pouvons nous faire de ce personnage ténébreux (qui est trés bien joué). Le fil conducteur du film est à mon sens la vie tracée puis chamboulée d'un jeune bourgeois pure et croyant en l'amour...qui refuse finalement la voie de la facilité. Je ne parlerais pas de film avant-gardiste en le comparant aux films de Bergman qui suivront puisque ce film est complexe et forme un tout, je dirais qu'il manque simplement l'étincelle qui arrivera sereinement par la suite (ce film n'est produit qu'en 44).