Sorte de chronique Grolandaise amère, désabusée et sans complaisance, animée par des cousins à peine dégénérés des Deschiens, Dupont Lajoie est une expérience pénible, une étude maladroite et relativement trash de la démence et de la bêtise triviale de la souche française. Si la démonstration paraît excessive, presque abusive, sa noirceur frénétique est justifiée en permanence par la vérité de ce voyage sans pudeur ni artifices, voué tout entier à sa capture d'une réalité élémentaire, sordide et morose. L'analyse est acide, le reportage sans montage, commentaires ou autres effets relativisants. En quelque sorte, Dupont Lajoie fait éclater au grand jour l'envers de la franchouillardise [envisagés au premier degré, les gendarmes de st-tropez perdent de leur bonhomie inconséquente] ; ce mouvement ressemble à celui d'un aveu, inédit à l'époque ou sort le film, soit peu de temps après l'ère De Gaulle. Bien que celui-ci soit fondé sur de patentes caricatures, celles-ci sont toujours vraisemblable car le film dépasse le simple étalages de clichés et la démonstration des ''tares'' et préjugés de ses sujets [sans l'esquiver pour autant ; attrait pour le voyeurisme malsain, bêtise imbue, piteuses habitudes entretenues avec une crâne auto-satisfaction...] pour dresser le portrait d'une société pas même parallèle, mais basique, fondamentale, celle du white trash français.
L'un des coups de force d'Yves Boisset est de détourner des acteurs au profil sympathique, populaire, pour illustrer la bêtise odieuse et outrée de monstres imparables, laquelle, couplée au ricard et à leurs tics de langage préfabriqués, est leur seule essence. Malgré son coté bigger than life, devant lequel peut accepteront de reconnaître ou simplement d'apporter crédit à la véracité du propos, la démarche est cohérente et peut se targuer du mérite de mettre les deux pieds dans le plat, ce qui n'est jamais que la juste mesure lorsqu'on entend mettre les deux pieds dans le plat.