Une histoire de gangster sur fond de dédoublement de la personnalité assez audacieuse que ce Revolver de Guy Ritchie. On suit le parcours de deux hommes, deux adversaires interprétés par Jason Statham et Ray Liotta embarqués dans une arnaque à grande échelle. Chacun fait son chemin mais les routes se croisent parfois : le premier accompagné de deux énigmatiques manipulateurs possédant toujours un coup d'avance sur leurs ennemis et le second entouré d'une équipe de bras cassés, armés jusqu'aux dents. On trouve aussi un chef de gang Yakusa, un tueur merveilleusement interprété par Mark Strong et une sorte de Kayser Söze à la sauce Ritchie. Bref, comme dans tous les films de ce réalisateur il y a de nombreux personnages haut en couleurs. Comme dans tous ces films Guy Ritchie fait une proposition de mise en scène. Ici, il s'éclate et ça se voit même si parfois je n'ai pas compris ses motivations : pourquoi agrémente-t-il son film de scènes d'animation japonaise pendant un court instant? Il s'éclate, certes, mais il est aussi ambitieux dans ces choix. Ce qui lui vaut nombre de sarcasmes. En effet, Guy Ritchie a toujours eu des détracteurs mais avec Lock, stock and two smoking barrels et Snatch, on pardonnait en partie les excès et le coté "montage en forme de clip de 90 minutes" parce ces films étaient drôles. Revolver est très sérieux et sombre, alors on le démonte en pièce. Plus de second degré, plus de personnages délirants pour dire que c'est pour de rire! J'ai aimé cette tentative, cette mise en scène un peu excessive par moment et cette histoire qui nous emmène partout pour véritablement prendre son sens dans les dernières secondes. Le film se décompose en deux parties bien distinctes, la dualité est aussi dans la forme car la deuxième partie arrive sans qu'on s'y attende. Elle déconcerte et laisse perplexe, c'est simple j'ai presque eu l'impression que démarrait un autre film. Dualité quand tu nous tiens. On entre alors dans le coté obscur des deux protagonistes, dans leurs peurs et leurs obsessions. On comprend peu à peu vers quoi Guy Ritchie veut nous emmener mais il s'amuse encore un peu avec nous. Et j'ai aimé cette façon qu'il a eu de me balader, de m'arnaquer, en me donnant parfois l'impression que je maîtrisais l'histoire que j'en savais plus que ce qu'il m'en avait dit, en me faisant croire que je remporterais cette partie d'échec que nous avons engagé....Oui, j'ai vraiment aimé ce jeu de dupe que Guy Ritchie m'a proposé et j'ai passé deux heures très intéressantes. Je terminerais en parlant de la B.O.F. superbe, qui a, en plus, le bon goût de clore cette oeuvre atypique par la Gnossienne n°1 d'Erik Satie. Un film étrange et beau à la fois, presque mélancolique qu'il faut découvrir.