Lorsque pour son quatrième long-métrage, Guy Ritchie se ré-attaque au polar anglais stylé et au scénario à tiroir, c'est la surprise générale et la petite déception pour de nombreux fans, le réalisateur ayant fait pire en matière de films (À la dérive) mais également beaucoup mieux (Arnaques crimes et botanique, Snatch). Ainsi, avec Revolver, il se met à la réflexion et à une certaine forme de sérieux, délaissant son côté purement burlesque pour un scénario plus complexe et surtout plus déroutant. Dialogues psychologiques, retournements de situations multiples, personnages ambigus, histoire alambiquée, ambiance énigmatique... Le film déroute, sans aucun doute. Pourtant, l'interprétation est juste et parfois surprenante : Jason Statham, chevelu, livre pour une fois autre chose que des coups de tatane, Ray Liotta cabotine comme jamais, le rookie Mark Strong (remarqué dans It's All About Love) interprète un mémorable tueur méthodique tandis que Vincent Pastore et le chanteur André Benjamin campent des anges gardiens philosophiques aussi mystérieux que dangereux... Délaissant encore une fois ses fameux plans psychédéliques uniques, Guy Ritchie propose au contraire une multitude de scène au style similaire mais au ton moins déconneur. Il agrémente son film de séquences pour le moins bizarres comme un passage entièrement en dessin animé (certes bien inspiré par Kill Bill Vol. 1 mais réussi), un étrange monologue dans un ascenseur ou encore ces multiples fausses routes quant à la santé mentale de notre héros. Et si on se perd de nombreuses fois dans le scénario, se posant beaucoup (trop) de questions nous déroutant à chaque fois et ce, jusqu'à la fin, Revolver demeure néanmoins une agréable surprise sombre et colorée, portant indéniablement la marque de fabrique de Ritchie. Seul le ton change, à l'instar d'une péripétie plus complexe que prévue. Il faut donc revoir le film plusieurs fois pour en saisir tous les moments importants qui aideront à sa totale compréhension. Ainsi, là où on s'attendait à une nouvelle aventure dégénérée dans le milieu des petites frappes londonniennes, Ritchie surprend son monde et change son fusil d'épaule, nous livrant par conséquent son film le plus barré, le plus sérieux mais aussi le plus intense, l'atmosphère pesante du long-métrage et les réflexions qu'il soulève en faisant un thriller aux airs d'OFNI pas facile à regarder mais toutefois prenant.