"Isn't that a perfect image of life and death ? A fish flapping on the carpet, and a fish not flapping on the carpet." Après avoir tué Vernita Green et O'Ren Ishii, Black Mamba poursuit sa quête vengeresse afin de rayer les autres noms de sa liste, jusqu'à son but ultime : Bill. A la question ""Kill Bill: Volume 2" est-il supérieur à "Kill Bill: Volume 1" ?", environ 80% des spectateurs répondent "oui". Et ils ont raison. Le premier volet, boucherie indescriptible d'une beauté visuelle à couper le souffle, pâtissait cependant d'un scénario pauvre et d'une cruelle absence d'émotions et de sentiments. Jouissif sur le coup, "Kill Bill: Volume 1" se limitait en somme à du pop-corn de luxe, du caviar de divertissement, ce qui est déjà énorme en soi mais Tarantino pouvait faire mieux. Mieux, c'est ce qu'il a fait avec ce deuxième élément du dyptique... En effet, "Kill Bill: Volume 2" apporte un nouveau souffle à l'histoire en se centrant sur l'héroïne et les seconds rôles (tous géniaux) plutôt que sur des jeysers d'hémoglobine et des combats en forme de ballet, recette que Tarantino aurait pu reproduire bêtement sans prendre de risques. Alors oui, cette suite, d'un genre différent voire opposé, perd énormément en matière d'action et de violence ; car le plaisir est véhiculé d'une toute autre manière, à savoir par des dialogues tarantinesques d'une créativité folle (ce qui manquait à "Kill Bill: Volume 1"), des paysages sublimes et une histoire captivante et toujours inattendue, le tout magnifié par une mise en scène d'une perfection à peine imaginable. Toujours ce même travail sur la BO, sur la photographie, sur la direction d'acteurs, dont tout cinéphile ne peut que se délecter à la manière d'un obèse face à un cheeseburger d'un mètre de diamètre. Les personnages, qu'on croyait dépourvus ou presque de morale, se voient attribuer une âme, de l'honneur et un fond finalement pas si repoussant ; le voile sur Bill est levé : le visage de David Carradine nous est montré, et le personnage mythique que le premier volet laissait entrevoir est enfin révélé dans tout son charisme et toute sa complexité ; cette fois, Black Mamba apparaît sous un jour nouveau, plus vulnérable, plus fragile, dans des situations où elle est clairement placée en position d'infériorité. Cette nuance apportée à l'héroïne, qui l'éloigne considérablement de l'image de "toute-puissante" qu'on lui avait attribuée dans le premier film, la rend attachante et suscite pour elle une vraie empathie. Par ailleurs, l'une des idées les plus brillantes du film consiste à nous raconter, pour notre plus grand plaisir, l'apprentissage de Black Mamba en compagnie de Pei Mei : un récit initiatique délicieusement ludique et caricatural, entre hommage et dérision par rapports aux films de kung-fu dont Tarantino raffole. Et évidemment, il y a LE truc génial : la rencontre tant attendue de Bill et Black Mamba, qui représente tout simplement ce que le cinéma peut donner de plus beau et de plus fin : l'ambiguïté de leur relation, entre admiration profonde et haine irréparable, amour fou et rancoeur inconsolable, en fait une confrontation passionnante et bien moins bourrine qu'on pouvait l'imaginer (bien sûr, l'interprétation exceptionnelle de Uma Thurman et David Carradine y est aussi pour beaucoup). En onze mots : "Kill Bill: Volume 2", c'est du très très grand Tarantino. Trouvez un seul défaut à ce film et je vous jure que je vous lèche les pieds dans toute leur longueur.