Si j'avais énormément apprécié Kill Bil 1, il manquait la petite cerise magique, celle qui transformerait le très bon film en chef-d'œuvre. Et je ne sais pas pourquoi, j'avais toujours eu l'idée que le deuxième volet était en-dessous du premier. C'est donc avec la crainte d'être déçu que j'ai replongé dans l'univers de notre mariée préférée. Le contact est passé d'emblée, avec plus d'intensité que dans le premier épisode. Avec ce long retour en arrière sur le jour du carnage, le jour où tout a déclenché cette histoire, j'ai de suite compris que Tarantino avait changé quelque chose dans sa manière d'aborder l'histoire, et c'est ce quelque chose qui a tout changé.
L'univers s'est révélé plus posé, plus émotionnel, et les dialogues ont regagnées leur importance habituelle. Si Kill Bill 1 s'attachait à une sorte de liberté absolue, avec un film très mouvementé, délirant, qui fonçait tête baissée à la manière de *BLEEP* sur sa moto. Kill Bill 2 reste plus stable, se concentrant davantage sur ses personnages, d'où le retour en arrière justifié, d'où le fait que le nom de la mariée, qui nous était caché jusque là, ne le soit plus. Tarantino fait tomber les masques, laisse de côté l'artillerie lourde, pour s'attacher à une artillerie plus fine, aux véritables visages des personnages, et c'est en humanisant de la sorte son film qu'il arrive à lui ajouter la dernière sauce manquante.
Bien sûr, on garde les fondements de la réussite précédente, des combats nerveux (bien que moins grandiloquents), par étape, de l'humour constant et de la beauté dans la cruauté. Le long chemin de la vengeance de Beatrix Kiddo nous amène à El Paso, où l'histoire est censée prendre fin. Les antagonistes qui vont se trouver sur sa route, qui vont croiser le fer avec elle, bénéficient eux aussi d'un traitement plus élaboré. Le frère de Bill, Elle et bien entendu Bill lui-même sont tous des personnages à la psychologie plus fouillée, au passé plus précis, et dont on se prend de fascination plus intensément qu'avec les simples sadiques du premier volet.
Les hauts et les bas, les surprises, les rebondissements, les motivations passées, tout nous est dévoilé avec brio et l'admiration pour cette histoire devient ce qu'elle doit être : exemplaire. On se retrouve même à revoir nos jugements, et la frontière entre le bien et le mal, le bon et le mauvais, est très mince, et on finit par se rendre compte qu'entre ce groupe de tueurs avisés, ce n'est pas de ce côté là qu'il faut chercher. Mais plus du côté du respect, des mensonges, des erreurs, des causes, des conséquences, qui ont toutes des raisons variées, mais qui nous permettent pas de ranger certains personnages dans des catégories définitives, même les plus cruels d'entre eux : ils ont tous leurs motivations, leurs raisons, aussi justifiées soit-elles ou non.
Le seul défaut que je vois dans ce film est peut-être le fait de consacrer un chapitre entier pour expliquer pourquoi Beatrix est capable de transpercer des planches en bois avec ses mains, même si le passage reste agréable, je trouve qu'il tranche un peu avec le reste et j'aurais préféré qu'il soit moins long. Toujours est-il que c'est un défaut qui n'en est pas vraiment un, on l'oublie bien assez vite tant le cadre d'El Paso est jouissif à souhait. Le dernier tiers bascule littéralement dans l'excellence cinématographique, avec des face-à-face de toute beauté, que ce soit du point de vue émotionnel ou visuel, et tant les dialogues que la mise en scène nous font vivre la fin de cette épopée avec un enthousiasme démesuré.
Kill Bill 2 est donc, à mon sens, bien au-dessus du premier car il arrive à faire un mélange idéal entre sentiments et actions, entre personnages et histoire, plus que ne le faisait le premier volet. Et si l'ensemble est moins rythmé, moins grandiloquent, avec une bande-son moins marquante, ce n'est que pour se rattacher à des bases plus simples, qui pour moi ont mieux fonctionné.