J’ai toujours vu, et je verrai toujours, les deux films Kill Bill comme un seul et même film. Car en premier lieu c’est tel quel que l’avait écrit Tarantino, mais aussi car l’un n’est pas complet sans l’autre. Mais bizarrement, ils sont tellement différents et à la fois semblables, qu’on peut aisément en parler en tant que chefs d’oeuvre, même individuellement. Il se trouve que l’on m’a posé la question piège ultime : « Lequel tu préfères? », et à cela je réponds : « Et bien, même si plus jeune je vouais un culte au premier et ses effusions de sang, c’est bel et bien le deuxième que je préfère aujourd’hui ». Maintenant il ne me reste plus qu’à m’expliquer. Si je préfère cette deuxième partie, c’est parce qu’elle délaisse avec une subtilité incroyable l’action effrénée du premier volet, bien qu’elle offre une séquence mémorable et culte de combat au sabre dans une caravane, et à la conclusion plutôt trash, pour se concentrer sur l’histoire, et surtout, sur sa conclusion. Et la transition est faite au travers d’une séquence d’introduction absolument incroyable. Pour vous dire, en la revoyant, j’ai eu des frissons. En plus de bénéficier d’un noir et blanc d’une beauté presque irréelle, ces 15 premières minutes de film sont pour moi le point culminant du film, en plus de raconter son véritable commencement, et le hissent déjà au rang de chef d’oeuvre tant tout y est parfait (et on en est qu’au début!). Mais ce qui fait le succès des films de QT, c’est bien souvent leur scénario. Car il est plus qu’évident que le meilleur scénariste, de nos jours, c’est lui. Et ce second volet, plus posé que son prédécesseur, possède une force narrative que l’on a rarement l’occasion de voir au cinéma. Entre répliques cultes, dialogues d’une profondeur et d’une intelligence remarquables, et références à de grands classiques, on peut dire qu’on est diablement servis en termes de qualité. Quant à l’histoire, elle prend une toute nouvelle tournure, et révèle une belle histoire d’amour, dramatique et sur fond macabre, mais belle tout de même. Et ce qui se passe quand un film possède une si bonne base, c’est que le casting révèle alors lui aussi tout ce qu’il a de meilleur à offrir. Je suis vraiment très loin d’être fan d’Uma Thurman, mais je peux vous dire que le personnage de la Mariée m’a profondément marqué, et il n’y a vraiment aucune actrice qui pourrait la remplacer dans ce rôle. David Carradine interprète également, ce qui semble être le meilleur rôle de sa carrière (qu’il repose en paix), puisque Bill tout d’abord présenté comme le plus impitoyable des criminels et des sadiques, se révèle touchant et humain une fois la scène finale arrivée. D’ailleurs la scène finale, puisqu’on en parle, casse absolument tous les clichés qu’on aurait pu en attendre, et s’avère être l’une des plus belles scènes qu’ai pu écrire/mettre en scène Tarantino, avec la scène d’introduction du film of course. Dernier point sur lequel j’aimerai m’arrêter, c’est bien évidemment la musique. Car oui un film de Tarantino ne peut pas être un chef d’oeuvre s’il n’a pas la meilleure compilation de musique pour l’accompagner, et parfois même le bercer. Sur ce volet, il s’est entouré (encore une fois) des meilleures personnes, puisque ce sont ni plus ni moins les noms de Robert Rodriguez (qui a composé la musique des thèmes de Sin City et de Planète Terreur, pour ne citer qu’eux) et RZA (du Wu-Tang Clan) que l’on retrouve rattachés à cette partie de la production. Et le résultat final est tout simplement délicieux, puisque bien que les morceaux (allant de thèmes d’Ennio Morricone, en passant par Johnny Cash, ou encore la merveilleuse reprise d’About Her par Malcolm Mclaren) soient d’époques et de genres différents, ils s’accordent de la façon la plus naturelle qui soit, comme s’ils avaient été faits et pensés pour le film. Aujourd’hui, n’importe quelle personne qui prétend s’intéresser au cinéma, se doit d’avoir vu une bonne partie de la filmo de Tarantino, qu’on l’aime ou pas. Certains lui reprochent de trop se baser sur ses références, moi j’y vois à chaque fois une déclaration d’amour aux films qui ont pu le marquer durant son expérience de cinéphile. Car quand on voit le talent avec lequel il crée ses films, et la passion avec laquelle il en parle, on est plus vraiment étonné de la qualité de ceux-ci, qui est indéniable. C’est donc à titre personnel que je vous le conseille si vous ne l’avez pas vu, ou que je vous invite à le revoir en ces temps ou l’on reparle de Tarantino, car Kill Bill, volume 2 est pour moi l’un de ses meilleurs films, en tout cas l’un de mes préférés.